Note: (1) Mangin, charlatan, bonimenteur, marchand de crayon parisien, camelot de boulevard, personnage pittoresque, fantaisiste et insultant, avec DuchĂȘne, lâarracheur de dents, sous le second empire ( XIXe siĂšcle). DĂ©guisĂ© comme un soldat du Moyen Ăge, il officiait le plus souvent place de la Bourse, de la Madeleine ou du ChĂąteau d
Les Nuits des forĂȘts dans le bois de CornecuProgramme et rĂ©servation En rĂ©enchantant les forĂȘts le temps dâun festival, nous souhaitons gĂ©nĂ©rer des engagements individuels et collectifs de long-terme, mais aussi des sentiments joyeux et optimistes. RĂ©veiller notre responsabilitĂ© profonde en mĂȘme temps que notre nature sauvage. Nous avons conçu les premiĂšres Nuits des forĂȘts ariĂ©geoises comme un festival qui investira le bois de Cornecu et tout le village de Saint-Lizier, en suivant nos trois rhizomes ». Pour plus de facilitĂ© de rĂ©servation, les activitĂ©s sont proposĂ©es selon leur type. Cliquez sur chaque Ă©lĂ©ment pour accĂ©der directement Ă la rubrique balades hybrides, entre art et scienceanimations pour enfants gratuitesconfĂ©rences gratuitesateliers programme musical en majoritĂ© gratuitautres petites surprises gratuites Les activitĂ©s suivent quatre principes gratuitĂ© ou petits prix ; groupes restreints ; faible impact sur la forĂȘt ; ancrage local. Celui-ci se manifeste par une programmation musicale dĂ©diĂ©e au patrimoine occitan. Pour rĂ©server, cliquez sur les images ou sur les liens de rĂ©servation. Il est Ă©galement possible de passer directement par le site HelloAsso, notre centrale de rĂ©servations associative. Les balades Ă Cornecu Des promenades hybrides guidĂ©es par une intervenante scientifique et une partenaire artistique, pour un moment unique et magique en forĂȘt. Chaque jour, les forestieres assurent la pĂ©rennitĂ© des forĂȘts afin de fournir du bois Ă la sociĂ©tĂ©, prĂ©server lâenvironnement et accueillir le public. Vivre de la forĂȘt, faire vivre la forĂȘt, vivre avec la forĂȘt. Mais hĂ©las, face Ă des Ă©pisodes plus frĂ©quents de sĂ©cheresse, lâavenir des forĂȘts est en jeu et les arbres dĂ©pĂ©rissent. Patrick Guillon, agent de lâOffice national des forĂȘts ONF en Couserans, nous prĂ©sentera les moyens par lesquels les forestiers protĂšgent la forĂȘt et sa biodiversitĂ©. En professionnel expert de la forĂȘt, il guidera le public dans le bois de Cornecu pour une meilleure connaissance des divers modes de gestion et de protection de la forĂȘt. Pour clore en beautĂ© ce moment sylvestre, nous vous ferons vivre la forĂȘt diffĂ©remment, grĂące Ă la chorale Les Encantats, menĂ©e par Pascale Respaud. Des chants en langue gasconne rĂ©sonneront pour la premiĂšre fois depuis longtemps dans ces bois 18 juin â 13h30 8 euros â 15 personnes â RĂ©servation ici Rendez-vous entrĂ©e du bois de Cornecu, lieu-dit MouliĂ©ris / cimetiĂšre de Saint-Lizier. En cas de pluie, lâactivitĂ© sera transfĂ©rĂ©e Ă lâAncien PresbytĂšre, rue de lâHorloge. Lire un paysage, ça sâapprend comme pour un texte, cela demande de reconnaĂźtre, dĂ©coder et associer des signes. Ă lâoccasion du festival, NathanaĂ«l Roussel, gestionnaire forestier et intervenant auprĂšs de lâObservatoire des forĂȘts des PyrĂ©nĂ©es centrales, vou apprendra Ă lire une forĂȘt » vieille ou jeune ? exploitĂ©e ou sauvage ? En bonne santĂ© ou en pĂ©ril ? Vous saurez en reconnaĂźtre les indices aprĂšs cette contrepoint poĂ©tique Ă cette lecture forestiĂšre », la conteuse Ludivine Moreno viendra murmurer, lire, dire des extraits de textes, poĂšmes, Ă©crits sur la forĂȘt, la nature et lâenvironnement. Parce quâon ne peut comprendre un milieu quâen lâenvisageant sous toutes ses formes, venez vous ensauvager avec nous !8 euros â 15 personnes â RĂ©servation ici Samedi 18 juin â 17h30Rendez-vous entrĂ©e du bois de Cornecu, lieu-dit MouliĂ©ris / cimetiĂšre de Saint-Lizier. En cas de pluie, lâactivitĂ© sera transfĂ©rĂ©e au cloĂźtre, place de lâĂ©glise. Lâakelarre dĂ©signe le lieu retirĂ© et secret oĂč les femmes basques se rĂ©unissaient pour chanter, danser, jouer de la musique et festoyer, ce qui leur a valu dâĂȘtre persĂ©cutĂ©es au XVIIĂšme siĂšcle. Ces sorciĂšres, guĂ©risseuses, mĂšres, amoureuses, femmes, la conteuse Ludivine Moreno, vous propose de les dĂ©couvrir du Mexique Ă lâAriĂšge, de lâArgentine Ă lâItalie, des portraits dâElles, intemporelles, sensibles, multiples, de celles qui peuplent nos mythologies, nos aspirations et nos maniĂšres de vivre le monde. DĂšs lâheure magique du crĂ©puscule et Ă la lumiĂšre de lampes et de bougies, cette racontĂ©e en forĂȘt sera un mĂ©lange de conte et de performance. Quelques surprises poĂ©tiques Ă©mailleront le parcours. Durant Les Nuits des forĂȘts, nous transformerons bien le bois en akelarre, et le bois de Cornecu deviendra⊠Korneku ! En fin de racontĂ©e, Ludivine guidera le groupe vers le lieu secret du concert de Maxence Camelin,8 euros â 15 personnes â COMPLETSamedi 18 juin â 20h30Rendez-vous entrĂ©e du bois de Cornecu, lieu-dit MouliĂ©ris / cimetiĂšre de Saint-Lizier. En cas de pluie, lâactivitĂ© sera transfĂ©rĂ©e Ă lâAncien PresbytĂšre, rue de lâHorloge. Le village sâendort⊠Mais la forĂȘt, elle, se rĂ©veille ! Ce sont ses discrets habitants que nous vous proposons de dĂ©couvrir, entre chien et loup, avec SĂ©bastien Janin, de LâOeil aux aguets. Chants des oiseaux crĂ©pusculaires, cris des mammifĂšres nocturnes comment les animaux sâadaptent-ils Ă leur environnement nocturne, pour se dĂ©placer, se nourrir ou se reproduire ? Dans le cadre de lâopĂ©ration Trame verte et bleue PNR des PyrĂ©nĂ©es ariĂ©geoises, cette balade au crĂ©puscule sera lâoccasion de parler de la pollution lumineuse, source dâimportantes perturbations pour la faune. En fin de la visite, SĂ©bastien guidera le groupe vers le lieu secret du concert de Maxence euros â 15 personnes â RĂ©servation ici Samedi 18 juin â 20h30Rendez-vous entrĂ©e du bois de Cornecu, lieu-dit MouliĂ©ris / cimetiĂšre de Saint-Lizier. En cas de pluie, lâactivitĂ© sera transfĂ©rĂ©e dans les jardins de lâHĂŽtel-Dieu, rue de lâHĂŽtel-Dieu. Partez Ă la dĂ©couverte de ces mystĂ©rieux animaux que sont les chiroptĂšres, au cours dâune balade nocturne contĂ©e. Une conteuse et un naturaliste confronteront lĂ©gendes et rĂ©alitĂ© et vous ferons dĂ©couvrir ces fascinantes crĂ©atures capables de voler avec leurs mains et voir grĂące Ă leurs oreilles. Maryse Mira, de la compagnie La Couleur de la Grenouille, et Jocelyn Bordeneuve, de lâAssociation des Naturalistes dâAriĂšge ANA-CEN aborderont Ă©galement les effets nĂ©fastes de la pollution lumineuse sur ces mammifĂšres volants, dans le cadre de lâopĂ©ration Trame verte et bleue PNR des PyrĂ©nĂ©es ariĂ©geoises. La reconnaissance dâespĂšces et la dĂ©tection dâultra-son alterneront avec les moments de contes. En fin dâanimation, le groupe sera guidĂ© vers le lieu secret du concert de Maxence Camelin, musicien euros â 20 personnes â RĂ©servation ici Samedi 18 juin â 20h30Rendez-vous parking du Palais des ĂvĂȘques. En cas de pluie, lâactivitĂ© sera transfĂ©rĂ©e Ă lâAncien PresbytĂšre, rue de lâHorloge. Le français ne manque pas dâhomophones, et deux dâentre eux nous ont inspirĂ© une animation si la balade est une promenade dans la nature, la ballade, avec deux -l, est un petit poĂšme chantĂ© ou une chanson Ă danser. Mais, nâen dĂ©plaise Ă lâorthographe, dans le bois de Cornecu, nous mĂ©langerons les deux ! La balade sera assurĂ©e par Catherine Mahyeux, botaniste de lâassociation Les Apprentis Sages elle vous donnera quelques clĂ©s pour reconnaĂźtre les arbres et les plantes des sous-bois, dans une perspective scientifique et sensible. Quant Ă la ballade, elle sera menĂ©e par Pascale Respaud de lâassociation Revelhet, dont le but est de valoriser la culture occitane. AccompagnĂ©e de son accordĂ©on, Pascale proposera des interludes musicaux durant cette heure et demi en botaniste et la musicienne mĂȘleront leurs voix pour vous proposer un moment unique en forĂȘt, Ă la dĂ©couverte des essences dâarbres mais aussi de la musique et de la langue occitanes ! Une surprise clĂŽturera la ball euros â 15 personnes â RĂ©servation ici Dimanche 19 juin â 10h30Rendez-vous entrĂ©e du bois de Cornecu, lieu-dit MouliĂ©ris / cimetiĂšre de Saint-Lizier. En cas de pluie, lâactivitĂ© sera transfĂ©rĂ©e Ă lâAncien PresbytĂšre, rue de lâHorloge. Bois sacrĂ© est une rencontre entre des chercheuses de lâAtecopol laboratoire dâĂ©cologie politique et des artistes du GdRA. Cette annĂ©e, ils ont menĂ© un sĂ©minaire commun Ă lâUniversitĂ© Jean JaurĂšs de Toulouse, ponctuĂ© de balades en forĂȘt, de confĂ©rences et dâexpĂ©riences scĂ©niques. Ils proposent au public de partager des temps sensibles en forĂȘt autour de la littĂ©rature, lâhistoire, lâacrobatie, la danse, la musique, lâĂ©cologie, lâhydrologie ou la chimie de lâeau. Cette version baladĂ©e de Bois sacrĂ©, est une Ă©tape, promesse vers un format en gestation. Un beau prĂ©texte pour se promener au couvert des arbres de Cornecu, Ă lâĂ©coute dâhistoires de vĂ©gĂ©taux et dâhumains issues de sciences diverses et partagĂ©es, Ă la vue et au son dâarts pluriels, pour de nouvelles personnes â Gratuit mais rĂ©servation indispensable iciDimanche 19 juin â 13h30Rendez-vous entrĂ©e du bois de Cornecu, lieu-dit MouliĂ©ris / cimetiĂšre de Saint-Lizier. En cas de pluie, lâactivitĂ© sera transfĂ©rĂ©e dans les jardins de lâHĂŽtel-Dieu, rue de lâHĂŽtel-Dieu. Câest un sapin. â Non, câest un Ă©picĂ©a ! », Câest une chĂątaigne. â Non, câest un marron ! » Qui nâa jamais vĂ©cu ce genre dâĂ©changes ? Ils prouvent que les arbres sont mal connus. Pour clore notre sĂ©rie de sorties sylvestres, HervĂ© Duval, chercheur retraitĂ© de lâInstitut National de la Recherche Agronomique INRA, se propose de vous aider Ă les reconnaĂźtre, grĂące Ă des clĂ©s trĂšs faciles. Le bois de Cornecu, assez jeune, est de ces forĂȘts qui ont poussĂ© sur des pĂąturages dĂ©laissĂ©s. Il est riche en arbres pionniers, premiers Ă recoloniser ces sols bouleaux, aulnes, noisetiers, etc. Contrairement aux autres promenades du weekend, HervĂ© se focalisera sur les seuls finir cette promenade dendrologique par un brin de poĂ©sie, vous serez invitĂ©es Ă lire les courts messages laissĂ©s sur les troncs et, Ă quelques jours de la Saint-Jean, Ă laisser un voeu sur notre Ă©vocation des traditionnels brandons personnes â Gratuit mais rĂ©servation indispensable ici Dimanche 19 juin â 15h30Rendez-vous entrĂ©e du bois de Cornecu, lieu-dit MouliĂ©ris / cimetiĂšre de Saint-Lizier. En cas de pluie, lâactivitĂ© sera transfĂ©rĂ©e dans les jardins de lâHĂŽtel-Dieu, rue de lâHĂŽtel-Dieu. Les animations pour enfants de 7 Ă 77 ans Des moments conçus pour immerger lâenfant dans le groupe et lâenvironnement forestier lâensauvager pour mieux le socialiser ! Qui veut sâenvoyer en lâair Ă Cornecu ? đ Sous lâencadrement de Charlie Martinet, diplĂŽmĂ© et qualifiĂ© en tant quâĂducateur Grimpe dâArbres EGA de LâArbre Voyageur, les amoureuxses de la nature seront ravies de dĂ©couvrir la forĂȘt dâen haut en toute sĂ©curitĂ©. Venez jouer les Ă©cureuils pendant le festival ! Vous monterez un des grands chĂȘnes de Cornecu, bien Ă lâabri de la chaleur dans le bois, avec tout le matĂ©riel adĂ©quat, pour une dĂ©couverte respectueuse des arbres. Cette initiation ne nĂ©cessite pas de gros efforts ni de condition physique particuliĂšre et est accessible Ă toutes et tous dĂšs lâĂąge de 7 ans y compris les adultes, donc. AccĂšs libre mais rĂ©servation recommandĂ©e iciDimanche 19 juin de 13h Ă 17h 8 personnes par crĂ©neau dâune Bois de Cornecu flĂ©chage sur place Lire des ouvrages sur la forĂȘt Ă lâombre des arbres, sur des couvertures, dans le bois de Cornecu voici lâheure prĂ©cieuse Ă laquelle vous invite le RĂ©seau de lecture publique Couserans-PyrĂ©nĂ©es durant le festival. Sous forme de balade, deux bibliothĂ©caires jeunesse des mĂ©diathĂšques couseranaises proposeront une sĂ©lection de livres sur le thĂšme des forĂȘts ainsi que des lectures Ă voix haute. 12 enfants entre 3 et 6 ans, parents mais rĂ©servation recommandĂ©e iciSamedi 18 juin â 13h30Rendez-vous clairiĂšre de Pouterolles, point de dĂ©part par le parking du Palais des ĂvĂȘques haut de la citĂ©. En cas de pluie, lâactivitĂ© aura lieu Ă lâAncien PresbytĂšre, rue de lâHorloge. Lire des ouvrages sur la forĂȘt Ă lâombre des arbres, sur des couvertures, dans le bois de Cornecu voici lâheure prĂ©cieuse Ă laquelle vous invite nos bĂ©nĂ©voles durant le festival. Elles proposeront une des lectures sur le thĂšme des forĂȘts ainsi quâune sĂ©lection de livres prĂȘtĂ©s par la Ressourcerie du Haut-Salat Ă groupe de 12 enfants entre 3 et 6 ans et un groupe de 12 enfants entre 6 et 12 ans, couvertures et coussins recommandĂ©s, parents mais rĂ©servation recommandĂ©e ici Dimanche 19 juin â 10h30Rendez-vous parking du Palais des EvĂȘques, pour ensuite aller Ă la clairiĂšre de Pouterolles. En cas de pluie, lâactivitĂ© aura lieu dans les jardins de lâHĂŽtel-Dieu, rue de lâHĂŽtel-Dieu. Les confĂ©rences Quatre confĂ©rences de haute tenue scientifique avec des spĂ©cialistes qui raconteront, en interaction avec le public, le passĂ©, le prĂ©sent mais aussi lâavenir des forĂȘts des PyrĂ©nĂ©es centrales. Connaissez-vous la pĂ©doanthracologie ? Non, il ne sâagit pas dâune nouvelle spĂ©cialitĂ© mĂ©dicale ! Câest la science qui permet de reconstruire la vĂ©gĂ©tation passĂ©e, grĂące aux charbons de bois enfouis dans les sols, suite Ă un feu naturel ou anthropique. Les charbons sont les archives de la forĂȘt passĂ©e. Ils nâont pas de secret pour MĂ©lanie Saulnier, Ă©cologue et pĂ©doanthracologue au sein du laboratoire GEODE-CNRS de Toulouse, qui nous fait le plaisir dâintervenir durant notre Ă©vĂ©nement. Lâanalyse des charbons permet de comprendre lâhistoire de la vĂ©gĂ©tation forestiĂšre, les changements de vĂ©gĂ©tation au cours du temps ainsi que les consĂ©quences de la pratique du charbonnage sur les plantes et le sol. La lecture » dâun simple morceau de charbon peut en apprendre beaucoup sur cette forĂȘt qui a beaucoup Ă©voluĂ© au fil du temps. Ă lâheure du changement climatique, MĂ©lanie Saulnier nous parlera de lâĂ©volution sur le long terme de la forĂȘt des PyrĂ©nĂ©es centrales, mais aussi des interrelations entre forĂȘt, humains et environnement, qui ont façonnĂ© le paysage forestier dâaujourdâhui. La confĂ©rence sera prĂ©cĂ©dĂ©e et suivie de moments dâinteraction avec le public, avec notamment un quiz ludique et un temps de libre et gratuit le samedi 18 juin de 15h30 Ă 17h. Ancien presbytĂšre de Saint-Lizier, rue de lâHorloge lieu accessible aux PMR Face aux changements climatiques, dont on mesure chaque annĂ©e davantage les effets, que va devenir la forĂȘt pyrĂ©nĂ©enne ? Peut-elle rĂ©sister ? Et si oui, comment le fait-elle ? RaphaĂ«le HĂ©meryck, du PNR des PyrĂ©nĂ©es ariĂ©geoises, rĂ©pondra aux lĂ©gitimes questions du public sur le sujet, en abordant lâimportance des champignons mycorhiziens mais, plus largement, de la vie des sols. Elle dĂ©crira Ă©galement dâautres caractĂ©ristiques de lâĂ©cosystĂšme forestier et montrera quâil sâagit dâadapter nos pratiques pour Ă©viter de le rendre dysfonctionnel, sans interventionnisme Ă outrance. La confĂ©rence sera prĂ©cĂ©dĂ©e et suivie de moments dâinteraction avec le public, avec notamment un quiz ludique et un temps de libre et gratuit le dimanche 19 juin de 13h30 Ă 15h. Ancien presbytĂšre de Saint-Lizier, rue de lâHorloge lieu accessible aux PMR Lorsquâune forĂȘt est laissĂ©e Ă son Ă©volution naturelle et accomplit la totalitĂ© de son cycle biologique naturel 300 Ă 400 ans environ pour une hĂȘtraie sapiniĂšre pyrĂ©nĂ©enne, elle devient une vieille forĂȘt ». Ces vieilles forĂȘts sont trĂšs rares elles reprĂ©sentent environ 3% des forĂȘts de la haute chaĂźne pyrĂ©nĂ©enne et du piĂ©mont 10000 ha. Mais elles hĂ©bergent une riche biodiversitĂ© et incarnent une vraie » nature, vivante et spontanĂ©e. Pourtant, leur avenir est incertain, car elles sont rarement protĂ©gĂ©es et souvent menacĂ©es par de fortes pressions Ă©conomiques. Alors, comment faire pour les prĂ©server ? Philippe Falbet exposera les objectifs de lâObservatoire des forĂȘts des PyrĂ©nĂ©es Centrales et du Fonds de dotation ForĂȘts prĂ©servĂ©es », qui, grĂące au levier des acquisitions fonciĂšres, prĂ©servent des forĂȘts de maniĂšre pĂ©renne et la quiĂ©tude des espĂšces qui les peuplent, pour beaucoup rares et menacĂ©es. AprĂšs un zoom sur les vieilles forĂȘts des PyrĂ©nĂ©es centrales, Philippe rĂ©pondra Ă©galement aux interrogations, voire aux inquiĂ©tudes soulevĂ©es par la mise en Ă©volution naturelle sur le trĂšs long terme. Et si, Ă votre tour, vous participiez Ă la crĂ©ation dâune trame de forĂȘts ĂągĂ©es rĂ©ellement prĂ©servĂ©es dans les PyrĂ©nĂ©es, afin de permettre Ă la diversitĂ© biologique de sâexprimer, de co-Ă©voluer, de vivre ? Philippe Falbet vous expliquera comment soutenir ces initiatives, sans pour autant vouloir mettre la forĂȘt sous cloche ».AccĂšs libre et gratuit le dimanche 19 juin de 15h30 Ă 17h. Ancien presbytĂšre de Saint-Lizier, rue de lâHorloge lieu accessible aux PMR Le programme musical CrĂ©er des jamais-entendus en forĂȘt, tel est notre dĂ©fi. Nous mettrons Ă©galement en valeur la langue gasconne et la musique occitane avec une programmation dâartistes locaux. Ra-hoom-rah ! », câest le puissant cri dâĂ©veil que poussent les ents, ces grandes crĂ©atures Ă lâapparence dâarbres dans Le Seigneur des Anneaux de Tolkien. Lors du festival, qui arrivera Ă les rĂ©veiller et Ă leur faire prononcer ce mot ? Est-ce Yannick Grazzi, grĂące Ă ses percussions naturelles, subtiles et puissantes ? Ou bien Florence Grazzi-Roche, par son Ă©volution fluide et gracieuse parmi les arbres, qui mimera la renaissance de la forĂȘt ? Ă moins que lâun des slammeurs du collectif Slamezik, guidĂ©s par LâIntrus, ne pousse lui-mĂȘme ce cri ?Pour cette Ă©quipĂ©e sylvestre 100% artistique, la montĂ©e dans le bois de Cornecu sera guidĂ©e et rythmĂ©e par un groupe de slammeuses et slammeurs dâAriĂšge. Au sommet de la colline, vous assisterez Ă la fascinante performance de la compagnie BizâArts Engomer, avant de redescendre vers le village. Ă moins que vous ne dĂ©cidiez de rester lĂ , pour assister au crĂ©puscule spectaculaire sur la chaĂźne pyrĂ©nĂ©enne et de⊠devenir un ent ? 8 euros â 15 personnes â RĂ©servation ici Samedi 18 juin â 17h30 Rendez-vous entrĂ©e du bois de Cornecu, lieu-dit MouliĂ©ris / cimetiĂšre de Saint-Lizier. En cas de pluie, lâactivitĂ© sera transfĂ©rĂ©e dans les jardins de lâHĂŽtel-Dieu, rue de lâHĂŽtel-Dieu. Dans le cadre du festival national, venez saluer avec nous les premiĂšres Nuits des forĂȘts couseranaises. Autour des produits 100% ariĂ©geois de notre buvette et des dĂ©lices servis par le foodtruck Fou dâFood, nous inaugurerons ce weekend sylvestre et cĂ©lĂšbrerons les forĂȘts pyrĂ©nĂ©ennes. Une maniĂšre agrĂ©able de patienter entre les animations de lâaprĂšs-midi et les trois sorties nocturnes dans le bois de Cornecu !LâapĂ©ritif sera animĂ©e par lâAssociation Revelhet, entre chant, accordĂ©on, mandoline et hautbois. Cette association, trĂšs active, a Ă©tĂ© rĂ©veillĂ© en 2008. NichĂ©e dans le hameau de Brouzenac, prĂšs de la Bastide-de-SĂ©rou, elle fait vivre la culture occitane chant, musique, contes ainsi que sa langue, en AriĂšge et dans toute lâOccitanie. Lâassociation Revelhet sera Ă©galement prĂ©sente pour Les Nuits des forĂȘts le dimanche 19 juin au matin, pour notre Ballade » 18 juin dĂšs 19h, accĂšs libre et gratuit Parvis de lâHĂŽtel-Dieu, rue de lâHĂŽtel-Dieu lieu accessible aux PMR, en cas de pluie le concert sera transfĂ©rĂ© Ă lâabri, dans les jardins de lâHĂŽtel-Dieu. La sĂ©rĂ©nade, câest une composition jouĂ©e la nuit, en plein air. Pour nos Nuits des forĂȘts, Maxence Camelin, timbrĂ© du timbre », comme il se nomme lui-mĂȘme, fera la sĂ©rĂ©nade aux arbres au son de sa cornemuse et de ses appeaux magiques, Ă la lumiĂšre de bougies et de au cheminement trĂšs diversifiĂ©, Maxence est un virtuose de la cornemuse et hautbois couseranais, quâil enseigne au Centre Occitan des Musiques et Danses Traditionnelles de Toulouse. Son premier album solo a Ă©tĂ© dĂ©diĂ© Ă la craba, cornemuse de la Montagne Noire et du Lauragais. Il sâaccompagne parfois dâautres instruments, comme la grosse caisse, lâharmonica, la vuvuzela, le gong ou mĂȘme le chant. Dans la nuit couseranaise, ce bodegaire donnera une touche farfelue et pleine dâĂ©motions au bois de Cornecu. Le public de nos balades nocturnes, nos adhĂ©rents et nos bĂ©nĂ©voles seront guidĂ©s vers le lieu tenu secret du concert. Quant aux autres, pour le dĂ©voiler, il faudra participer Ă nos petits concours ! Samedi 18 juin Ă 22h30, accĂšs gratuit sur invitationLieu sylvestre tenu secret en cas de pluie, le concert sera transfĂ©rĂ© Ă lâabri Ă lâancien presbytĂšre, rue de lâHorloge, lieu accessible PMR Pour clore en beautĂ© les premiĂšres Nuits des forĂȘts ariĂ©geoises, nous ferons rĂ©sonner les bois du Couserans ! Bois » dans tous les sens du terme, puisque ces hautbois du Couserans, flĂ»tes du Comminges ou de Bigorre, cornemuses du Pallars, instruments emblĂ©matiques de nos vallĂ©es pyrĂ©nĂ©ennes, Pierre Rouch les fabrique en utilisant des essences locales. Avec son compĂšre MichaĂ«l Bourry, ils ont dĂ©veloppĂ© une vĂ©ritable passion pour la musique gasconne sur laquelle ils rĂ©alisent, depuis plusieurs annĂ©es, un profond travail de recherche ethnologique et artistique. Le duo Bourry-Rouch prĂ©sentera une bonne partie du rĂ©pertoire traditionnel couseranais, avec quelques adaptations modernes. Alternant Ă©claircissements sur les instruments, musique instrumentale, chant occitan, le public sera plongĂ© dans lâunivers de nos forĂȘts profondes. Dimanche 19 juin Ă 17h30, accĂšs libre et gratuitCathĂ©drale de Saint-Lizier, place de lâĂ©glise lieu accessible aux PMR Les ateliers Touchez du bois avec des ateliers en petits groupes sur le bois et la vannerie, ainsi que des dĂ©monstrations dâartisans VanniĂšre labellisĂ©e Valeurs Parc et installĂ©e Ă Camarade, Nicole Roobaert vous propose une initiation Ă la vannerie. Durant une heure et demie, elle vous guidera dans la fabrication dâune fleur en fibres vĂ©gĂ©tales, base dâun futur panier, dĂ©coration naturelle de jardin ou repose-plat fait-main. Nicole vous initiera Ă lâutilisation de lâosier et aux premiĂšres techniques de vannerie, dans une perspective dâautonomisation et de valorisation des produits de la forĂȘt. Si le temps le permet, le stage se fera en plein air sous un pommier. 8 euros â 8 personnes â COMPLETSamedi 18 juin â 15h30Rendez-vous Ancien PresbytĂšre de Saint-Lizier, rue de lâHorloge animation accessible aux PMR. Attention, lâactivitĂ© ne convient pas aux enfants. Le saviez-vous ? Le bois mort est indispensable Ă la vie de nombreux ĂȘtres vivants environ un quart des espĂšces forestiĂšres ont besoin de lui, notamment les insectes, les champignons, les oiseaux ou mĂȘme les amphibiens ! Ătape essentielle du cycle des nutriments et de la rĂ©gĂ©nĂ©ration des forĂȘts, le bois mort se doit dâĂȘtre protĂ©gĂ©, tout autant que le bois vivant. Vous pourrez en apprendre bien davantage, directement sur place, avec le stand de vulgarisation en Ă©cologie fonctionnelle de lâassociation Ad Naturam. DressĂ© Ă lâorĂ©e de la forĂȘt, cet espace vous incitera Ă jouer pour dĂ©couvrir les secrets du bois mort et de ses habitants. AccĂšs libre et gratuit activitĂ© Ă partir de 7 ansDimanche 19 juin de 10h30 Ă 15h30 Rendez-vous bois de Cornecu, lieu-dit MouliĂ©ris / cimetiĂšre de Saint-Lizier, prĂ©voir des chaussures de marche. En cas de pluie, lâactivitĂ© sera transfĂ©rĂ©e sur le parvis de lâHĂŽtel-Dieu marchĂ©. Les petits bonus du festival Si vous nâavez pas dĂ©jĂ succombĂ© Ă la⊠forĂȘt du samedi soir, vous pourrez suivre une sĂ©rie dâanimations qui mettent en valeur la forĂȘt ariĂ©geoise ! IntitulĂ©e en hommage au tube » baroque extrait des Indes galantes de Rameau, cette sieste aura lieu dans la belle clairiĂšre de Pouterolles, qui domine le village. Nous vous proposons une sĂ©lection musicale issue des contributions de nos adhĂ©rentes et abonnĂ©es, agrĂ©mentĂ©e de chants dâoiseaux et de poĂšmes sur la forĂȘt. La sĂ©lection est conçue comme une journĂ©e entiĂšre en forĂȘt, de lâaube jusquâau crĂ©puscule, en passant par les chaudes heures de midi, en compagnie de Claire Diterzi, Fakear, The Cure, Agnes Obel et bien dâautres. Pour ne pas dĂ©ranger la faune, la musique sera diffusĂ©e dans vos casques sur une frĂ©quence dĂ©diĂ©e qui vous sera donnĂ©e sur couvertures, coussins recommandĂ©s. Gratuit sur rĂ©servation Ă partir de 10 ansSamedi 18 juin 13h30 rĂ©servation ici Dimanche 19 juin 13h30 rĂ©servation ici Rendez-vous ClairiĂšre de Pouterolles, accessible depuis le parking du Palais des ĂvĂȘques en cas de pluie, lâactivitĂ© aura lieu Ă lâabri le samedi dans les jardins de lâHĂŽtel-Dieu et le dimanche dans le cloĂźtre de Saint-Lizier, place de lâĂ©glise, l Ă lâoccasion des Nuits des forĂȘts, nous mettons Ă lâhonneur deux artistes locaux qui font parler le bois local, pour un dialogue artistique tout en courbes et installĂ©e Ă Foix, Coralie Saramago sâexprime par le bois. Ses oeuvres cherchent Ă crĂ©er de lâĂ©merveillement et de lâĂ©motion. Les sculptures lumineuses de Julien Feraud, installĂ© Ă Oust, magnifient les formes naturelles du bois en sâĂ©lançant vers le lâĂ©motion dâune courbe du bois, suivre une veine de la matiĂšre comme celle dâun corps, saisir une texture toute en sensorialitĂ©. Venez dĂ©couvrir leur travail de sculpteurs Ă libre et gratuit avant et aprĂšs chaque confĂ©renceVernissage-visite en prĂ©sence des artistes samedi 18 juin 17hDĂ©crochage-visite en prĂ©sence des artistes dimanche 19 juin 15hRendez-vous Ancien PresbytĂšre, rue de lâHorloge lieu accessible aux PMR
BoĂźteen mĂ©tal de photos d'anciens voiliers de l'Ă©poque, '' LE SAINT-LOUIS, LE SOLEIL ROYAL, LE HENRY GRĂCE Ă DIEU, signĂ© WILQUIN, permet d'y mettre des
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Artisanat » et « artisan » sont des notions dĂ©licates Ă dĂ©finir, dans la mesure oĂč elles renvoient Ă des concepts relativement contemporains dont la dĂ©finition est inopĂ©rante pour la GrĂšce antique [1].Les historiens de l'AntiquitĂ© s'entendent pour considĂ©rer comme artisan un individu disposant d'un savoir-faire particulier et produisant, hors du secteur agricole, des biens
Block title Block content Agenda MĂ©tiers d'art 281 mĂ©tiers DĂ©couvrez 281 mĂ©tiers recensĂ©s dans 16 domaines d'activitĂ©. JEMA LancĂ©es en 2002, les JournĂ©es EuropĂ©ennes des MĂ©tiers dâArt sont la plus grande manifestation internationale dĂ©diĂ©e Ă ce secteur⊠MaĂźtres d'art - ElĂšves InspirĂ© par les TrĂ©sors nationaux vivants » du Japon, le titre de MaĂźtre dâArt a Ă©tĂ© créé en 1994 par le MinistĂšre de la Culture⊠Ressources et veille L'INMA met Ă votre disposition un certain nombre de ressources Formations ActualitĂ© des formations Lâinformation essentielle sur la formation dans les mĂ©tiers dâart... Trouver une formation L'INMA recense les Ă©tablissements proposant des Formations mĂ©tiers d'art. Recherchez suivant votre profil ! Guide de la formation Comment se former ? Retrouvez lâensemble des dĂ©marches nĂ©cessaires. Prix Avenir Le seul prix national destinĂ© aux moins de 26 ans dans les filiĂšres de formation aux mĂ©tiers dâart est dĂ©cernĂ© chaque annĂ©e par lâINMA... Professionnels ActualitĂ© du secteur Toutes les nouvelles et tendances du secteur, salons, Ă©vĂ©nements⊠Petites annonces et emplois Consultez ou dĂ©posez une annonce mĂ©tiers d'art gratuitement sur le site Savoir Faire & Conseils Partenaire des ambitions de dĂ©veloppement des professionnels mĂ©tiers dâart et EPV. Annuaire Officiel des MĂ©tiers d'Art Le site de rĂ©fĂ©rence qui recense et valorise les professionnels des mĂ©tiers d'art de France. LABEL EPV INMA ActualitĂ© de l'INMA Retrouvez toute l'actualitĂ© autour de l'INMA expositions, Ă©vĂ©nements, confĂ©rences, partenariats ... MĂ©cĂšnes et partenaires Retrouvez les mĂ©cĂšnes et partenaires de l'Institut National des MĂ©tiers d'Art. L'Institut LâInstitut National des MĂ©tiers dâArt mĂšne une mission dâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral au service des mĂ©tiers dâart Centre de ressources DĂ©couvrez un lieu unique au monde ouvert Ă tous les publics en plein cĆur de Paris... AgendaMĂ©tiers d'art281 mĂ©tiersJEMAMaĂźtres d'art - ElĂšvesRessources et veilleFormationsActualitĂ© des formationsTrouver une formationGuide de la formationPrix AvenirProfessionnelsActualitĂ© du secteurPetites annonces et emploisSavoir Faire & ConseilsAnnuaire Officiel des MĂ©tiers d'ArtLABEL EPVLa candidatureLes avantagesLes critĂšresUne rĂ©fĂ©renceINMAActualitĂ© de l'INMAMĂ©cĂšnes et partenairesL'InstitutCentre de ressources Block title Vous ĂȘtes ici
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IntroductionĂ la symbolique prĂ©colombienne. La sociĂ©tĂ© â contemporaine â Ă laquelle nous appartenons, a conçu l'idĂ©e que Dieu â l'unitĂ© originelle â est une invention de l'homme, quoique certains de ses membres pensent plutĂŽt que la dĂ©itĂ© est une dĂ©couverte humaine qui s'est produite Ă une certaine Ă©tape de l'histoire.
Ici, pas de jeux d'eau, de poneys ou de manĂšges ! » avertit Jean-Luc Blanchard. Que les choses soient claires. Ce village gaulois n'est ni Disneyland, ni la foire Ă Neuneu. Ici, la potion magique, c'est l'Ă©change des cultures, le savoir-faire, l'apprentissage et le partage. Et c'est tout aussi savoureux qu'une cervoise bien fraĂźche ! » Jean-Luc Blanchard a eu plusieurs vies avant de devenir le chef de ce village gaulois. Autrefois, ce natif de Carbonne, qui travailla au dĂ©but de sa carriĂšre sur un bel oiseau nommĂ© Concorde », organisait des courses de chiens de traĂźneaux Ă la montagne. Puis, au dĂ©but des annĂ©es quatre-vingt-dix, il travaille bĂ©nĂ©volement pour le service rĂ©gional d'archĂ©ologie. Est-ce le fait de manipuler des vieilles amphores et des outils façonnĂ©s par nos lointains ancĂȘtres. Toujours est-il qu'un beau matin Je me suis rĂ©veillĂ© et je me suis dit que j'allais construire un village gaulois ! ». Et il l'a fait ! Non sans mal. Il a fallu trouver le terrain, Ă Saint-Julien, le dĂ©fricher, bĂątir des clĂŽtures, monter des maisons⊠Pendant trois ans, Jean-Luc bosse avec les meilleurs spĂ©cialistes de l'Ă©poque pour reproduire les charpentes, les murs, les toits, les outils, les bijoux, les habits et mĂȘme les plantes, qui poussent aujourd'hui dans un ravissant potager⊠Nous avons plantĂ© quatre hectares de seigle pour obtenir le chaume des toits ! » Ils sont fous, ces bĂątisseurs de village gaulois ! Pendant dix ans, j'ai bossĂ© gratuitement ! Une trentaine d'entreprises nous ont aidĂ©s transporter du bois, offrir du matĂ©riel⊠Elles ont fait cela sans la moindre contrepartie, simplement pour le bonheur d'avoir participĂ© ! » signale Jean-Luc avec un sourire malicieux. Le domaine des Dieux Et ce village est une pure rĂ©ussite. S'il n'y avait de joyeuses hordes de bambins butinant de la maison du forgeron Ă la dinanderie, on s'attendrait Ă voir sortir un vrai Gaulois de ces huttes coquettes. Chaque lieu est porteur d'un message, d'un symbole. Ici, c'est la source sacrĂ©e », dĂ©signe Jean-Luc en montrant une clairiĂšre mystĂ©rieuse. Et lĂ , c'est le domaine des Dieux, des sacrifices⊠» Et l'on dĂ©couvre des poteaux ornĂ©s de crĂąnes d'animaux. Et l'on devine qu'ici, on a prĂ©fĂ©rĂ© l'authenticitĂ© au tape-Ă -l'Ćil, l'historique Ă l'anecdotique⊠Mais lorsque l'on voit les gamins concentrĂ©s sur une amphore Ă reconstituer ou sur un creuset de mĂ©tallurgiste, on se dit qu'ils se rĂ©galent autant qu'avec ce bon Super Mario. DĂ©sormais, le village est Ă©conomiquement autosuffisant avec une douzaine d'emplois Ă temps plein. Nous sommes une vraie famille, assure Jean-Luc. Pour travailler ici, il faut aimer les gens ! » DerriĂšre les hautes palissades, les envahisseurs sont les bienvenus ! Le chiffre 9 hectares > C'est la surface de ce parc. OĂč l'on trouve des maisons, des Gaulois, mais aussi quelques animaux⊠surprenants ! Arts millĂ©naires Ce village gaulois, c'est aussi une vĂ©ritable plongĂ©e dans l'art et l'artisanat d'il y a deux millĂ©naires. Les animateurs des ateliers sont aussi, Ă la base, des artisans, qui se sont rĂ©appropriĂ©s les savoir-faire d'antan. On a mĂȘme organisĂ© sur place des stages de charpente gauloise ! Les ateliers concernent donc la boissellerie travail du bois ; l'orfĂšvrerie ; la frappe de monnaie sur les piĂšces d'Ă©poque on a retrouvĂ© une croix qui pourrait ĂȘtre l'ancĂȘtre de la croix occitane ; la dinanderie, c'est-Ă -dire le travail des mĂ©taux pour fabriquer des objets dĂ©coratifs ; le tissage on fait pousser du chanvre et du lin sur place ; la teinture on fait aussi venir des plantes tinctoriales, la forge, la poterie, photo la vannerie ajoncs, roseaux Et on raconte aussi comment ces Gaulois Ă©taient les meilleurs mercenaires du pourtour mĂ©diterranĂ©en, raconte Jean-Luc Blanchard. ils Ă©taient grands, les cheveux dĂ©colorĂ©s Ă la chaux, et partaient au combat tout nu, histoire d'impressionner les adversaires ! » Eh, ils n'avaient pas froid aux yeux ! Village Gaulois, Saint-Julien ouvert tous les jours en juillet et aoĂ»t de 10 Ă 19 heures. Adultes 12 âŹ, enfant 9 âŹ. 05 61 87 16 38.
Ilsemblerait que ce soit un barrage naturel Ă l'endroit actuel du Bosphore qui ait retenu les eaux montantes de la Mer de Marmara jusqu'au jour oĂč le barrage cĂ©da, laissant se dĂ©verser dans la Mer Noire, alors 150 mĂštres en contrebas, de un Ă deux mille mĂštres cubes d'eau de mer par jour. La mer aurait donc progressĂ© dans les terres de 1 Ă 2 kilomĂštres par
TĂ©lĂ©charger l'article TĂ©lĂ©charger l'article Rappelant les capteurs de rĂȘves, les Ojos de Dios ou Yeux de Dieu sont jusqu'Ă nos jours tissĂ©s par les Indiens Huichol du Mexique. L'idĂ©e est d'utiliser des couleurs vives pour faire un Ćil qui protĂ©gera les gens en particulier les bĂ©bĂ©s et pour attirer la chance. Faciles et rapides Ă rĂ©aliser, les Yeux de Dieu peuvent ĂȘtre utilisĂ©s en dĂ©coration murale ou comme mobile dans une chambre d'enfant. Ătapes 1Choisissez les baguettes pour la base. Les baguettes doivent ĂȘtre fines, mais solides, comme de petits bĂątons ou des baguettes Ă brochette en bambou. 2Positionnez les baguettes en croix. Avec du fil de broderie ou du fil Ă coudre, faites un nĆud coulant et ajustez-le autour de l'intersection des baguettes. Enroulez le fil en huit autour de l'intersection cette technique marche pour les baguettes Ă brochette, mais pas avec des bĂątons ou alternativement, enroulez le fil plusieurs fois, d'abord de droite Ă gauche en diagonal, puis de gauche Ă droite. Vous couvrirez ainsi le centre des baguettes. Ne coupez pas le fil, car vous allez continuer Ă travailler avec. 3Commencez Ă tisser le premier rang. Travaillez dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, en faisant passer le fil derriĂšre la baguette du haut, puis par-dessus la baguette du haut, derriĂšre la baguette de gauche, par-dessus la baguette gauche, derriĂšre la baguette du bas, par-dessus la baguette du bas, puis derriĂšre et par-dessus la baguette de droite. Vous aurez ainsi complĂ©tĂ© le premier rang renfoncĂ©. 4Continuez de la mĂȘme maniĂšre jusqu'Ă rĂ©aliser autant de rangs renfoncĂ©s que vous le souhaitez. De nombreux Ojos de Dios sont fait entiĂšrement de rangs renfoncĂ©s, qui exposent la forme des baguettes. Cependant, vous pouvez alterner rangs en relief et rangs renfoncĂ©s. Pour cela, il vous faudra changer de sens. Tournez l'ouvrage de façon Ă travailler sur l'envers. Vous crĂ©ez alors un rang en relief sur le devant. 5Changez de couleur en nouant un fil d'une autre couleur au premier fil. Placez le nĆud sur l'envers de l'ouvrage. Ne coupez le premier fil qu'aprĂšs avoir fait quelques rangs afin d'ĂȘtre sĂ»r que le nĆud soit bien serrĂ©. 6Changez de couleur aussi souvent que vous le souhaitez. 7Terminez l'ouvrage en collant ou nouant pompons, glands ou nĆuds. Enroulez le fil restant autour de la poignĂ©e et nouez les extrĂ©mitĂ©s afin qu'elles restent en place. Conseils Cet ouvrage est suffisamment facile Ă rĂ©aliser pour en faire une activitĂ© de bricolage pour enfants, en utilisant des matĂ©riaux bon marchĂ© et pour un rĂ©sultat satisfaisant. Vous pouvez coller les baguettes l'une Ă l'autre avant de commencer Ă tisser. Avertissements Utilisez des matĂ©riaux appropriĂ©s Ă l'Ăąge des bricoleurs. Les baguettes Ă brochette et les bambins ne font pas bon mĂ©nage. PrĂ©fĂ©rez alors des bĂątons aux extrĂ©mitĂ©s arrondies. ĂlĂ©ments nĂ©cessaires Du fil Ă coudre ou de broderie de plusieurs couleurs. Des chutes feront trĂšs bien l'affaire. 2 baguettes droites pour chaque Ćil de Dieu des bĂątons, des baguettes Ă brochette ou des brindilles sont de trĂšs bons choix. Ă propos de ce wikiHow Cette page a Ă©tĂ© consultĂ©e 21 783 fois. Cet article vous a-t-il Ă©tĂ© utile ?
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LedĂ©cor chinois et japonais de la porcelaine de Meissen (1720 Ă 1735) Avec la maĂźtrise du bleu sous couverte en 1720 et de la polychromie dĂšs 1726, Meissen cherche Ă imiter et concurrencer les trĂšs lucratives porcelaines de Chine et du Japon. Entre 1720 et 1740, le peintre sur porcelaine Höroldt popularise ses chinoiseries, sortes de dĂ©cors d'ExtrĂȘme-Orient vus par les yeux
1Pourquoi le soulĂšvement gbaya, la guerre de Karnou » dite aussi du manche de houe » du dĂ©but de la pĂ©riode coloniale a-t-il fait lâobjet dâĂ©crits substantiels alors que celui du dieu de Lam », en pays gidar, est restĂ© paradoxalement occultĂ© ? PrĂ©sentĂ©e comme un objet dâhistoire bien identifiĂ©, la guerre de Karnou » illustrerait un cas avĂ©rĂ© de rĂ©sistance africaine face Ă lâagression coloniale, alors que le dieu de Lam » relĂšverait dâĂ©vĂ©nements plus complexes et plus malaisĂ©s Ă exposer. Encore que ces deux sĂ©ditions rĂ©vĂšlent de troublantes ressemblances. 2Tout dâabord, elles commencent Ă la mĂȘme pĂ©riode, celle du dieu de Lam 1927 prĂ©cĂ©dant Ă peine celle de Karnou 1928. Les protagonistes prĂ©sentent le mĂȘme profil » de sorciers », selon la terminologie coloniale dâalors. La vie et lâĆuvre des prophĂštes », Toumba chez les Gidar et Karnou pour les Gbaya, Ă©pousent une symĂ©trie confondante. 3Leurs magistĂšres respectifs commencent aprĂšs une disparition. Tous deux sont donnĂ©s morts et reviennent chez eux transfigurĂ©s ». La mĂȘme annĂ©e, 1924, ils inaugurent leurs premiĂšres prĂ©dications. Chacun dispose dâun sanctuaire, Ă©galement lieu de pĂšlerinage. Pour lâun, câest un vaste camp de constructions de vannerie Ă Lam ; pour lâautre, une bĂątisse vaste comme une Ă©glise » Bah 1974, dans le village de Nahim. Traditionnels dans leurs tenues, peau lombaire pour Toumba, pagne dâĂ©corce de Ficus pour Karnou, ils nâen diffĂšrent pas moins physiquement. Toumba est dĂ©crit comme corpulent, et Karnou comme souffreteux ». Ils suivent un mode de vie singulier et nâacceptent que certaines nourritures. Leurs appartenances sociales respectives les auraient, dâune certaine façon, prĂ©parĂ©s Ă leurs missions. Toumba appartient Ă un clan de devins fameux ; Karnou est prĂ©sentĂ© comme un maĂźtre labi », un chef dâinitiation. 4Ils dĂ©livrent leurs messages par le biais de mĂ©diums et/ou en contrefaisant leur voix. Quant au contenu, la ressemblance se fait plus prĂ©gnante encore. Tous deux invitent Ă combattre et Ă faire disparaĂźtre cette colonisation europĂ©enne qui avance inexorablement. Rejeter ce qui vient du Blanc », argent, impĂŽt, Ă©cole, etc., le tout, sur fond de discours messianique, celui du dĂ©sespoir, avec une transposition de la lutte Ă travers la mobilisation de forces religieuses occultes. Leurs sacrifices seraient assez puissants pour chasser les colons », massacrer leurs suppĂŽts, les chefs quâils ont nommĂ©s et leurs protĂ©gĂ©s, les Peuls, les conquĂ©rants dâhier. 5Les troubles engendrĂ©s se jouant des toutes rĂ©centes frontiĂšres coloniales, sâĂ©tendent, avec le dieu de Lam », au Cameroun et au Tchad ; avec Karnou, lâembrasement est plus vaste encore Cameroun, Tchad, Oubangui. Le berceau de la rĂ©volte se situe, pour les uns, chez les Gidar, pour les autres, chez les Gbaya. 6Ces deux soulĂšvements ont pris au dĂ©pourvu lâadministration coloniale, qui ne sâĂ©tait prĂ©parĂ©e Ă des rĂ©actions contre sa prĂ©sence que du cĂŽtĂ© des sociĂ©tĂ©s musulmanes, de leurs appareils dynastiques ou de certains cercles religieux â et nâavait, Ă aucun moment, envisagĂ© une mobilisation dâune telle ampleur de la part de groupes paĂŻens inorganisĂ©s ». 7Ces mouvements, non seulement semblent totalement dĂ©connectĂ©s du monde musulman, mais ils leur sont antagonistes. Lâadministration coloniale apparaĂźt comme un nouveau suzerain des principautĂ©s peules, qui se sont implantĂ©es au xixe siĂšcle Ă leurs dĂ©pens. En 1927, Ă la demande des commandants » coloniaux, les lamidats peuls de Mindif et de Doumrou mobiliseront leurs cavaleries â curieusement dĂ©nommĂ©es partisans », dans les archives â pour mater lâinsurrection gidar, comme le lamidat de Rey le fera en dĂ©cembre 1928 contre le soulĂšvement gbaya. 8On est alors en prĂ©sence des mĂȘmes types de combats, des embuscades derriĂšre des rideaux de mil et dâherbes hautes, conduits sans stratĂ©gie mais non sans tactique et savoir-faire. Puis ce sera, pour les insurgĂ©s, la mĂȘme confrontation Ă la puissance de feu des colonnes de miliciens. Les deux prophĂštes connaĂźtront une fin semblable, leur disparition Ă©tant niĂ©e afin dâentretenir lâattente de leur retour pour un soulĂšvement enfin triomphant. 9Une interrogation demeure existe-t-il un lien entre ces deux soulĂšvements quasi concomitants ? Le point de jonction gĂ©ographique aurait pu ĂȘtre le pays laka, entrĂ© dans la rĂ©bellion de Karnou et proche des Lame et Kado, qui comptĂšrent parmi les plus engagĂ©s des affidĂ©s du dieu de Lam. Nous ne disposons dâaucun Ă©lĂ©ment pour avancer lâhypothĂšse dâune intelligence entre ces deux sĂ©ditions, ni mĂȘme dâune interinfluence. Le premier soulĂšvement, celui de Lam, sâest rapidement Ă©teint, en 1928, alors que la guerre de Karnou, parmi les Gbaya, devait durer, aprĂšs la mort de Karnou survenue en 1928, jusquâen 1930 et mobiliser des troupes plus nombreuses. 10Outre les archives coloniales, le dieu de Lam a bien eu droit Ă quelques mentions, de Jacques Lestringant 1964, Chantal Collard 1973 et Alain Beauvilain 1989 ; toutefois, aucun travail ne lui a Ă©tĂ© consacrĂ©. On peut sâen Ă©tonner. Pourquoi un historien camerounais aussi couvrant » que Mohammadou Eldridge 1934-2004, par exemple, ne sâen est-il pas saisi, ni nâa conseillĂ© ce sujet Ă des Ă©tudiants de lâuniversitĂ© de NgaoundĂ©rĂ© fondĂ©e en 1993 ? La question semble dâautant plus lĂ©gitime que le lamidat de Mayo LouĂ©, dont Ă©tait originaire sa mĂšre et duquel dĂ©pendaient administrativement les Gidar de lâEst, se trouve en premiĂšre ligne dans les Ă©vĂ©nements du dieu de Lam. 11Ce sujet apparaĂźt aujourdâhui un peu dĂ©modĂ© comme sâil nâavait pu ĂȘtre Ă©tudiĂ© en son temps. Lâhistoire du dieu de Lam nâen demeure pas moins ambiguĂ« parce quâelle relĂšve dâun double combat contre les principautĂ©s peules et lâadministration coloniale. Les ingrĂ©dients du prophĂ©tisme millĂ©nariste, toujours complexe, avec ses issues mystiques pagailleuses, peuvent aussi dĂ©courager lâanalyse. LâĂ©trangetĂ© de ce soulĂšvement, rĂ©alisĂ© sur ses marges et non dans son Ă©picentre, Lam, suivi de son Ă©touffement rapide, concourt Ă en faire un oubliĂ© de lâhistoire. Il nây aurait aucune nĂ©cessitĂ© Ă y revenir, nâĂ©tait-ce pour le prophĂšte, Toumba Modomdoko, personnage hors du commun, dont la carriĂšre se prĂȘte Ă une constante réévaluation de la part de la sociĂ©tĂ© gidar. Le magistĂšre de Toumba Modomdoko, dit Mangilva ou le dieu de Lam » 1 Les recensements, commencĂ©s en 1935-1936, se font plus prĂ©cis en 1939-1941, mais le plus complet es ... 12Il est nĂ© Ă Lam, en pays gidar. Lam, dĂ©formation de zam, en kada, langue des Gidar, dĂ©signe, selon Jean Mouchet 1967, un Ă©norme massif granitique plantĂ© en plaine. Bastion rocheux inexpugnable, ce massif a favorisĂ©, sur ses piĂ©monts, une concentration exceptionnelle de populations signalĂ©es par plusieurs administrateurs dans leurs rapports de tournĂ©e1. Il sâagit de quartiers agglomĂ©rĂ©s composĂ©s dâhabitations en terrasses dĂ©bordantes tebalka, parfois coalescentes, accompagnĂ©es de greniers de diffĂ©rentes factures, lâensemble sous une rĂŽneraie sans fin. Des haies composites Ă base dâAdenium obesum et dâAcacia ataxacantha corsetaient chacun des quartiers, tout en doublant leurs lignes dĂ©fensives, cĂŽtĂ© plaine. Ces archĂ©ophytes sont longtemps restĂ©s en place Ă Kongkong, ensemble de villages au sein dâun semis de roches ruiniformes, en face de Lam. On en trouvait encore des traces dans les annĂ©es 2000 alors quâĂ Lam, lâadministration coloniale avait ordonnĂ© leur dĂ©mantĂšlement dĂšs avant les annĂ©es 1930. 2 Nos principaux informateurs, hommes dâĂąge pour la plupart, sont des proches de Mangilva, comme Damb ... 13Toumba Modomdoko, ou Na Domdoko, rĂ©side dans le sous-quartier de Bray, inclus dans celui, plus vaste, de Kisemo. Il est le fils de Saka Digisba, du clan Mandaway, celui des grands devins, encore que Saka lui-mĂȘme ne professe pas. Sa mĂšre, Diya, ou Diina Doduson, appartient au clan Makarba. AprĂšs la mort du chef de Lam, Nembata, fusillĂ© par les Allemands, Lam connaĂźt une Ă©poque de troubles. Dawaye Napal devient chef par intĂ©rim ; Saka, pĂšre de Toumba, est son notable principal. Il cherche Ă imposer par la force le pouvoir de Dawaye Napal et dĂ©clare vouloir mener la chasse de nuit » â autrement dit, faire disparaĂźtre les opposants. Mais les partisans de Douloum, fils de Nembata, lâemporteront, et Saka mourra empoisonnĂ©. La famille de Toumba appartient bien au cercle du pouvoir de Lam2. Carte 1 Carte de situation de la rĂ©gion de Lam © Christian Seignobos Un personnage singulier dĂšs lâenfance 14Toumba a Ă©tĂ© Ă©levĂ© comme tout garçon gidar. Petit, il Ă©tait chevrier, avant dâaccompagner son pĂšre sur les champs. Il a le teint clair et, jeune, il est dĂ©jĂ replet. Son demi-frĂšre, Damba Govdo, le dĂ©crit comme agoraphobe. Il sort dâun cercle de camarades dĂšs lors quâils deviennent trop nombreux. Son comportement est jugĂ© trop calme, trop rĂ©servĂ© pour un garçon. NĂ©anmoins, on ne saurait sâen Ă©mouvoir, le caractĂšre prĂȘtĂ© aux Toumba », nom classificatoire des troisiĂšmes fils, chez les Gidar, Ă©tant celui dâĂȘtres doux, peu aventureux voire benĂȘts. Post-adolescent, il ne se mĂȘle plus aux jeux et prend ses repas Ă part. En se dĂ©sintĂ©ressant des filles, il sâengage dans une catĂ©gorie de cĂ©libataires volontaires boggor comprise comme sexuellement anormale. Cette dĂ©viance, conçue comme la consĂ©quence dâun sort, ferait de lui un sorcier » potentiel. Dans son cas, ce trait sera transcendĂ© comme le sceau dâune pseudo-divinitĂ© exprimĂ©e par Mangilva ». 15AprĂšs la mort de son pĂšre, il est recueilli par son oncle Govdo â qui hĂ©rite de sa mĂšre â, lui-mĂȘme devin rĂ©putĂ©, dont il subira lâinfluence. DâaprĂšs Chantal Collard 1977 329, le nombre de devins en pays gidar un pour une vingtaine dâenclos familiaux environ, est rĂ©vĂ©lateur de lâimportance de leur rĂŽle et de la frĂ©quence de leurs interventions ». Nombreux aussi sont les procĂ©dĂ©s divinatoires. Le jet de pailles coudĂ©es, par exemple, rend compte dâune divination domestique, celle des metaw gumda ceux qui Ă©touffent le poulet, trĂšs courante chez les Gidar. Quant aux musu helgi devins aux pierres, ils opĂšrent Ă partir dâune table divinatoire, avec des artefacts disposĂ©s en demi-cercle. Ces derniĂšres sĂ©ances mantiques intĂ©ressent la vie sociopolitique de la communautĂ©, aussi se dĂ©roulent-elles sous le contrĂŽle des autoritĂ©s du village. Les devins peuvent agir individuellement ou collĂ©gialement, selon la demande du chef. Dessin 1 Damba Govdo, demi-frĂšre de Toumba 2005. © Christian Seignobos 3 Chez les Giziga, les Tupuri, les Gizey, lâhabitation des plus anciens et puissants ritualistes est ... 16Toumba disparaĂźt soudainement pendant sept lunes. Sa famille le pleure. Lâhistoire commence alors. Il serait ĂągĂ© de 25 ans, mais aujourdâhui, on parle de 32 ans, lorsque Dieu [descend] en lui », mangilva gik azani, selon de nouvelles formulations dont nous aurons Ă reparler. Son histoire Ă©pouse dĂšs lors le parcours du prophĂšte inspirĂ©. Lorsquâil rĂ©apparaĂźt Ă Lam, Ă lâaube, il porte des cheveux longs, hirsutes, ce qui, chez les Gidar, dĂ©note une marque de possession, de folie. Il se dĂ©clare Mangilva na Bray », le divin de Bray, nom de son quartier et qui est aussi lâappellation du bouclier en bois de caĂŻlcĂ©drat des Gidar. Ă lâannonce de sa divinitĂ©, sa famille prend peur Comment vont rĂ©agir les grands notables ? » Mangilva refuse dâentrer dans la concession de son oncle et on lui construit une case Ă part, toute en vannerie3. Il cherche Ă se dĂ©gager des liens du sang, adopte une existence Ă lâĂ©cart et, pour mieux ce faire, il choisit de se soustraire au regard du commun. Son magistĂšre, qui se dĂ©roule de 1924 Ă 1927, commence Ă lâĂ©poque des chefs Douloum, de Lam, et MĂ©li Toumba de Kongkong. Toumba, le rĂ©formateur religieux 17Toumba est appelĂ© Mangilva, le cĂ©leste », ou encore lâenvoyĂ© de Dieu » Mangilva det leuwa. Lui-mĂȘme se prĂ©sente comme celui qui tient la main de Dieu, naw narma vaho aza Mangilva » moi/agripper/main/Ă Dieu. 18Toumba va faire oeuvre de rĂ©formateur au sein du systĂšme religieux gidar. Il engage dâentrĂ©e deux combats Ă©manciper les Gidar et les groupes voisins de lâinfluence tutĂ©laire de Goudour, et limiter lâemprise sociale des forgerons sur la communautĂ© gidar. Mangilva donne lâimpression de vouloir solder lâhĂ©ritage de Goudour, ancien grand centre religieux rĂ©gional. Ce dĂ©tachement de Goudour poursuit un long combat menĂ© par les clans venus de lâEst et du Sud Mundang et Mambay â sa famille est issue de LĂ©rĂ©, au Tchad â contre ceux prĂ©alablement Ă©tablis, qui se revendiquent de Goudour. 4 Daniel Barreteau, communication de notes de terrain 1995, en cite dâautres, qui relĂšvent du mĂȘme ... 19Goudour, situĂ© Ă lâentrĂ©e des monts Mandara, au nord du pays gidar, fut un centre religieux exceptionnel dont lâinfluence toucha les monts Mandara et les plaines adjacentes sud-orientales. Il suscita, du xvie au dĂ©but du xxe siĂšcle, un Ă©norme pĂšlerinage, qui cessera en partie, pour les plaines, avec la conquĂȘte peule, au dĂ©but du xixe siĂšcle Seignobos 2014. Un grand nombre de clans gidar comptaient parmi les plus fervents affidĂ©s de Goudour. Les routes de pĂšlerinage quâils suivaient passaient par des relais rituels oĂč les dĂ©lĂ©gations de pĂšlerins sâagrĂ©geaient peu Ă peu Ă dâautres, chaque groupe composĂ© de quelques reprĂ©sentants, marquĂ©s dâocre au front, poussant devant lui un tribut de moutons, Ă©galement estampillĂ©s dâocre. Ă Hina, les Gidar ralliaient des dĂ©lĂ©gations venues des pays gude, bana et kapsiki. La codification des parcours a pu varier avec le temps4. Ces dĂ©lĂ©gations allaient formuler des requĂȘtes venues de chaque village, alors que dâautres en dĂ©posaient de plus personnalisĂ©es. De ce pĂšlerinage, qui battait son plein Ă la fin de la saison sĂšche, les gens de Lam rapportaient des boules de mil de Goudour quâils mĂ©langeaient Ă celles de Lam pour en distribuer des morceaux jusquâaux plus lointains quartiers. Cette nourriture de Goudour » protĂ©geait de la famine, des Ă©pidĂ©mies, des dĂ©prĂ©dateurs de cultures. Le pĂšlerinage de Goudour reste inscrit dans toutes les mĂ©moires collectives, autant de celles des populations qui y ont adhĂ©rĂ© que de celles qui ont essayĂ© de sâaffranchir de son influence. Mangilva ambitionne de se rĂ©approprier le fonctionnement de Goudour, tout en le restituant dans une aire plus en rapport avec lâespace gidar. Il veut reproduire des Ă©changes culturels et mercantiles dans le cadre protecteur dâune ferveur religieuse partagĂ©e, avec leurs cĂŽtĂ©s ludiques, compĂ©titions de danses, de chants, de courses. Dessin 2 ĂlĂ©ments dâarchitecture du gla lâhabitation gidar Ă lâĂ©poque de Toumba. © Christian Seignobos 20Mangilva se montre Ă©galement hostile aux maĂźtres de la pluie gidar, propriĂ©taires de pierres qui font pleuvoir buna et de celles qui bloquent la pluie kwoley, pouvoir qui leur vient Ă©galement de Goudour. Il voudrait les voir indĂ©pendants de Goudour et ne relever que des prĂ©rogatives rĂ©galiennes locales. 5 Dong-Douvah, sous-quartier de Douvah, peuplĂ© de forgerons Ă©galement rĂ©ducteurs de fer, sera toujour ... 21En sâattaquant aux forgerons, câest encore Goudour quâil vise car, si ces forgerons ne sont plus en lien avec Goudour qui, vers le xvie siĂšcle, sâest coupĂ© de façon radicale dâavec les gens de la forge, ils nâen revendiquent pas moins leur origine de Goudour, en rĂ©fĂ©rence Ă une Ă©poque oĂč ils Ă©taient puissants. Mangilva relance lĂ un conflit dĂ©jĂ ancien contre la trop forte emprise des forgerons sur ces sociĂ©tĂ©s paysannes. La rĂ©gion de Goudour elle-mĂȘme avait bien antĂ©rieurement Ă©cartĂ© ce pouvoir en castant » les forgerons et en leur imposant dâenterrer les morts. Les Gidar apparaissent, Ă travers leurs chartes de cohabitation, comme les hĂ©ritiers des plus anciennes institutions de la rĂ©gion. Mangilva demande de ne plus avoir recours aux forgerons en dehors de leurs activitĂ©s de mĂ©tallurgistes. Les Gidar, en effet, jurent de leur innocence sur la forge, vĂ©ritable autel. Les ordalies les plus puissantes se dĂ©roulent toujours dans lâenceinte dâune forge. La deuxiĂšme annĂ©e de son ministĂšre, les sectateurs de Mangilva iront jusquâĂ arracher les tambours de fer des forgerons du quartier de Douvah5 que lâon avait fait sortir lors dâune fĂȘte vouĂ©e Ă Mangilva, et quâils feront jeter dans une anfractuositĂ© de la montagne. 22Toutefois, au fur et Ă mesure que les prĂȘches de Mangilva se radicalisent et sâorientent vers un soulĂšvement contre le pouvoir colonial, ses envoyĂ©s, auxquels sâadjoignent nombre de dĂ©lĂ©gations, mundang en particulier, lui conseillent de se rĂ©concilier avec les forgerons le jour venu, il faudra en effet des armes en nombre et sâen servir. Ă Lam, le chef de guerre, le gambara, appartient au clan MohoĂŻsoko clan forgeron issu de Goudour. Ă Bray mĂȘme, le quartier de Mangilva, croĂźt un Ă©norme tamarinier, lâarbre des forgerons, sous lequel se dĂ©cide la guerre Collard 1977 316. 6 Tuya pl. tuyengue, appelĂ© kuli chez les Mafa, Mofu, Giziga est prĂ©sentĂ© par tous les auteurs comm ... 23Poursuivant sa politique de monopolisation du religieux, Toumba va jusquâĂ toucher au mĂ©canisme et Ă la codification du mĂ©dium essentiel celui de lâadresse aux mĂąnes des ancĂȘtres, les tuya6. DĂ©sormais, les sacrifices ne se dĂ©roulent plus sur les autels Ă lâentrĂ©e des concessions mais dans le secret des cuisines et en prĂ©sence des femmes, et sous lâinjonction de partager la viande des sacrifices avec ses voisins. Alors que les Gidar pratiquaient deux types de sacrifice â soit lâanimal est Ă©touffĂ© eretni wulani, soit on lui brise la nuque endlu wulani â, Mangilva impose un seul sacrifice, celui de lâanimal immolĂ© ataw wulani. Il fait Ćuvre de rĂ©formateur â les nouveaux codes sacrificiels quâil enseigne lui seraient directement inspirĂ©s du Dieu crĂ©ateur Dieu du nombril ». Les Ă©lites chrĂ©tiennes dâaujourdâhui voudraient y voir un monothĂ©isme avant la lettre. 24Mangilva entend sâapproprier le calendrier des rites et le dĂ©clenchement des fĂȘtes pour ainsi dominer lâintĂ©gralitĂ© de la vie religieuse. Dans la deuxiĂšme annĂ©e de son magistĂšre, il voudra ĂȘtre seul Ă dĂ©cider quand et quel animal il faut sacrifier par lĂ , il se comporte en maĂźtre de la terre supĂ©rieur. Il impose aux chefs de terre de sacrifier aprĂšs lui, sur la place de leur quartier baldangay ; ensuite chaque chef de famille sacrifiera selon ses moyens. Lorsquâil tente de sâaccaparer, pour le transformer, le sacrifice de la croissance du mil et celui des rĂ©coltes, certains maĂźtres de la terre, refusant dâĂȘtre relĂ©guĂ©s au rang de simples exĂ©cutants, sâexilent ; dâautres suivent, en rechignant, le signal dĂ©sormais donnĂ© par le seul Mangilva pour ouvrir fĂȘtes ou sacrifices. Des maĂźtres de la terre se dressent contre lui câest le cas de ceux du clan Medefsere de Bidzar ou du clan Muldama de Lam, qui rejoignent dâautres opposants parmi les maĂźtres de la pluie, comme celui de Bidzar Miliya. Certains des disciples de Mangilva pensent quâil va trop loin. Peut-on Ă la fois mener une rĂ©volution religieuse interne et conduire une rĂ©bellion Ă lâextĂ©rieur ? Lorsque, cherchant Ă regagner le soutien de ces chefs de terre, Mangilva tentera de faire machine arriĂšre, il sera trop tard. Beaucoup sâafficheront plutĂŽt aux cĂŽtĂ©s des chefs nommĂ©s par lâadministration. Dessin 3 Toumba Modomdoko dit Mangilva ou le dieu de Lam ». © Christian Seignobos Dessin 4 Une poterie tripode. © Christian Seignobos 25Ce que cherche Ă faire Mangilva nâest pas fondamentalement nouveau. Dans le passĂ©, le rĂ©pertoire rituel a toujours Ă©tĂ© manipulĂ© pour rĂ©pondre Ă des intrusions extĂ©rieures ou Ă la volontĂ© hĂ©gĂ©monique dâune coterie ou dâun individu Van Beek 2017 45. Les actions de Mangilva ne sortent pas du cadre rituel en vigueur, elles ne sont quâamĂ©nagements et puisent leurs inspirations dans un rĂ©servoir symbolique dont certains rites sont remis au goĂ»t du jour. Ce qui achoppe, câest le calendrier trop rapide des rĂ©formes », mĂȘme si les temps incertains et angoissants de lâarrimage de ces sociĂ©tĂ©s Ă lâadministration coloniale en fournissaient le prĂ©texte. Celui qui bouscula la sociĂ©tĂ© gidar » 26Câest ainsi quâil est prĂ©sentĂ© par un certain nombre dâinformateurs gidar. Tous sâaccordent sur ce point il a voulu changer les rapports hommes-femmes. Lui-mĂȘme refusa toute femme, sa part de divinitĂ© ne pouvant sâaccorder avec le commerce charnel. Mangilva sâĂ©lĂšve contre la violence faite aux femmes, interdisant quâon les lie et quâon les batte. Il prĂȘche pour une forme dâĂ©galitĂ© devant les fautes. Il contribue Ă faire cesser le monopole des hommes sur la nourriture carnĂ©e. Jusque-lĂ , les femmes gidar nâavaient pas un accĂšs libre Ă la viande, notamment celle des gallinacĂ©es. La viande se cuisinait dans les mezenzen, poteries tripodes, se passant de foyer dans la case vestibule, sous la surveillance du chef de famille qui, seul, avait autoritĂ© pour la distribuer. Avec Mangilva, les femmes prĂ©parent la viande, gĂ©nĂ©ralement celle des sacrifices, dans la cuisine avant de la rĂ©partir. Le chef de famille qui se trouve contraint de prĂ©lever des animaux dans le troupeau de sa femme doit payer avec des mesures de gabak, bande de coton de 4,5 cm de largeur, tissĂ©e par les hommes et utilisĂ©e comme unitĂ© monĂ©taire. LâĂ©mancipation des femmes commence avec la nourriture â elles deviennent maĂźtresses de leur cuisine â et aussi par leur participation Ă la confection de mets rituels. Lâintroduction de ces nouveaux comportements au sein des familles rallie la gent fĂ©minine Ă Mangilva. 27Chez les Gidar, de mĂȘme que chez les Daba voisins et les Kapsiki, la circulation des femmes dans la sociĂ©tĂ© est Ă©tonnamment fluide. Nombreuses sont les femmes qui se flattent dâavoir contractĂ© une douzaine de mariages et plus. Le mariage par rapt ngumu est le plus rĂ©pandu Collard 1977, souvent organisĂ© par la fille ou la femme elle-mĂȘme. Il peut aussi ĂȘtre provoquĂ© par un pĂšre qui pousse sa fille Ă contracter ailleurs un mariage afin de rĂ©cupĂ©rer dot et nouvelle alliance. La femme circulera ensuite pour visiter les enfants quâelle a obligation de laisser auprĂšs de ces prĂ©cĂ©dents maris. Ce fut, par le passĂ©, une façon dâĂ©tendre le tissu relationnel pour ces trop petites communautĂ©s dans lâincapacitĂ© de contrĂŽler politiquement des espaces suffisamment vastes. NĂ©anmoins, fluiditĂ© de la circulation des femmes ne signifie pas libertĂ© de conduite des femmes au sein de la famille, mĂȘme si les filles de chefs ont pu, plus que les autres, en tirer avantage. Mangilva va trouver ses plus fermes appuis auprĂšs de personnages fĂ©minins que seule la sociĂ©tĂ© gidar Ă©tait capable de susciter. Todou, fille de chef, femme de chef et mĂšre de chef, fut une personnalitĂ© centrale de Lam Ă cette Ă©poque. Elle nâĂ©tait pas dâorigine gidar, mais la fille du chef daba, de Kola, proche du pays hina. Elle fut mariĂ©e au chef Moubaya, de Lam. Ă la mort de ce dernier, elle est hĂ©ritĂ©e par son fils Nembata. Todou donne un fils Ă Nembata, Hamaoka, qui deviendra Ă son tour le chef de Lam. Elle sera ensuite hĂ©ritĂ©e par Bakari, frĂšre de Nembata. Une femme fait partie de lâhĂ©ritage dâun homme, mais le statut de Todou lui donne une libertĂ© de choix parmi ceux qui ont des droits sur elle. Todou est une femme dont on vantait encore la beautĂ© lors de nos enquĂȘtes, mais câest plus encore sa personnalitĂ© que lâon a voulu retenir. Ces princesses sont libres de parole, souvent savantes et naturellement au fait des intrigues de cour. Avec lâĂąge, elles acquiĂšrent le statut enviĂ© de conseillĂšres dans les cercles du pouvoir. Leur vie rend compte de la complexitĂ© des relations sociales et de pouvoir dans ces sociĂ©tĂ©s. Dans le cas prĂ©cis de Todou, mĂȘme Mangilva recherche son influence. 28Bakari complote auprĂšs du commandant » de Guider avec les turjman interprĂštes peuls du poste pour prendre le pouvoir Ă Lam et Ă©carter son neveu Hamaoka. Todou dĂ©cide dâaller vivre chez Mandi, frĂšre de Bakari, et, de lĂ , elle intrigue pour maintenir son fils Hamaoka au pouvoir, avec lâassentiment et lâappui de Mangilva. Todou a hĂ©ritĂ© de son pĂšre, chef et maĂźtre de la pluie Ă Kola, des pierres de pluie » dont de redoutables kwolay. Elle les transmettra Ă son fils et sâappliquera Ă le faire savoir. DĂšs lors, le conflit entre Hamaoka et son oncle Bakari se poursuit par le biais des attributs du pouvoir. Bakari, bien que nommĂ© par lâadministration, doit acquĂ©rir, de son cĂŽtĂ©, des pierres de pluie » que lâopinion juge peu prestigieuses, donc moins puissantes. Hamaoka se voit quant Ă lui gratifiĂ©, grĂące aux siennes, de plus de pouvoir, au point que cet excĂšs de tuya aurait Ă©tĂ© la cause de sa stĂ©rilitĂ©, ce que Collard 1977 321 signale Ă©galement. 7 Wanaka donna deux fils Ă MĂ©li Toumba, un fils Ă Douloum, un Ă Hamaoka et, enfin, un dernier Ă Tizi ... 29Au temps de Mangilva, une autre femme dĂ©fraye la chronique, ManĂ©kĂ©. SurnommĂ©e Wanaka, elle aussi bĂ©nĂ©ficie de la rĂ©putation flatteuse faite aux princesses. MariĂ©e Ă MĂ©li Toumba, chef de Kongkong, elle sâenfuit pour Ă©pouser le chef douloum de Lam, frĂšre aĂźnĂ© dâHamaoka, puis Hamaoka, devenu chef, et enfin Bakari7, devenu Ă son tour chef de Lam. Elle Ă©tait la grand-mĂšre du chef de Lam, Hamiti Tizi, au moment de nos enquĂȘtes. 30Ces deux femmes trĂšs influentes furent, lâune comme lâautre, des soutiens indĂ©fectibles de Mangilva. Celui-ci prend plutĂŽt conseil auprĂšs de Todou, dont il serait, selon lâun de nos informateurs, le directeur de conscience ». Ces dĂ©ambulations matrimoniales de Todou et Wanaka entraĂźnent des imbroglios politiques sans fin et engendrent des haines durables. Cette derniĂšre, en particulier, devait accentuer les dissensions entre Lam et Kongkong. Dâaucuns affirment que les affaires matrimoniales auraient Ă©tĂ© un Ă©lĂ©ment, et non des moindres, qui poussa Kongkong Ă trahir Lam et Ă rejeter Mangilva. Ă la recherche des influences, gidar et extĂ©rieures, concernant Mangilva 8 Nous faisons rĂ©fĂ©rence, pour cette partie, Ă des Ă©lĂ©ments recueillis dans un document dactylographi ... 31Contrairement Ă lâhagiographie populaire qui en fait un prophĂšte ex nihilo, Mangilva est bien le produit de la notabilitĂ© de la sociĂ©tĂ© gidar et de son ouverture au monde de lâĂ©poque. Loin dâĂȘtre sorti de nulle part, il appartient Ă un clan de devins Mandaway, celui qui se rĂ©unit annuellement dans le bois sacrĂ© ou dans une grotte Ă Dahal prĂšs de Kongkong, pour la grande fĂȘte aprĂšs la rĂ©colte tla net derdew8. 9 Chaque groupe, dans la rĂ©gion, dispose de rites pour prĂ©voir les Ă©vĂ©nements de lâannĂ©e Ă venir, apr ... 32Dans cette grotte, les anciens du clan Mandaway rĂ©alisent des boules de terre reprĂ©sentant chacune un quartier. Ils montent rĂ©guliĂšrement les inspecter. Si lâune se fend, ils la lissent Ă nouveau avec de lâargile fraĂźche. Au bout de quelques semaines, ils en tirent augure et dĂ©duisent, des boules fendillĂ©es, les menaces qui pĂšsent sur certains quartiers. On allume un feu et les orientations de la fumĂ©e confirment les indications premiĂšres. Dans cette grotte, est Ă©galement dĂ©terrĂ©e une jarre de biĂšre restĂ©e scellĂ©e depuis lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente. Le collĂšge des devins du clan Mandaway, associĂ© Ă des chefs de terre, se rĂ©unit pour boire cette biĂšre tout en listant les Ă©vĂ©nements Ă venir pour lâensemble de la communautĂ© gidar et prĂ©voir les sacrifices Ă rĂ©aliser pour obvier aux rĂ©sultats manciques nĂ©fastes. Ils enterrent ensuite une nouvelle jarre pleine pour remplacer la prĂ©cĂ©dente9. 33AprĂšs avoir soldĂ© lâannĂ©e qui vient de sâĂ©couler, on jette un coq Ă©missaire en brousse, vers Djougui, qui est censĂ© emporter malheurs et maladies, puis on met symboliquement le feu Ă la brousse pour en chasser les derniĂšres impuretĂ©s... La fĂȘte commence alors Ă Konkong, puis Ă Lam et dans tous les villages, selon un circuit oĂč, au cours de chacune des fĂȘtes, les Mandaway dĂ©voilent les Ă©vĂ©nements futurs rĂ©vĂ©lĂ©s dans la grotte. Les femmes peuvent alors Ă©craser le mil nouveau en plein air et chanter. 34Govdo, oncle et beau-pĂšre de Mangilva, est le second du grand devin mandaway, Tambayo, qui prĂ©side ce cercle prestigieux. Toumba est dâune certaine façon prĂ©parĂ© au prophĂ©tisme, et il a mĂȘme pu sâemployer par la suite Ă convaincre certains devins que sa venue Ă©tait annoncĂ©e. DĂšs 1926, Toumba se serait fait aider par certains devins pour libĂ©rer la voix des tuya » qui, sortant des mares comme Ă©manant de puissances telluriques, se seraient ainsi exprimĂ©s en sa faveur. 35Si lâhagiographie officielle sây oppose formellement, Toumba nâen a pas moins subi des influences peules particuliĂšrement visibles dans sa rĂ©forme des conduites sacrificielles. Son nouveau sacrifice, il le dĂ©nomme le plus souvent da sadlaga sadaka des musulmans. 36Mangilva intervient dans les comportements alimentaires, interdisant â comme chez les musulmans â la consommation des animaux morts et non Ă©gorgĂ©s. Il ne boit pas de biĂšre de mil. Ă cette Ă©poque, la biĂšre, bouillie alcoolisĂ©e, est trĂšs contrĂŽlĂ©e par la gĂ©rontocratie et ne se consomme guĂšre en dehors des rituels ; or on lâa vu Mangilva entend bien les rĂ©former. Il demande que, dĂ©sormais, les cadavres des Gidar ne soient plus emballĂ©s dans des peaux de chĂšvres, mais dans un linceul de coton godon ou gabak, rejoignant lĂ aussi une pratique musulmane. 37Toumba a pu acquĂ©rir des rudiments sur lâislam par quelques sorties sur des marchĂ©s extĂ©rieurs tenus par des Peuls. Il est avĂ©rĂ© que, jeune, il accomÂpagnait son pĂšre, Saka, qui sâexprimait un peu en fulfulde langue peule avec le notable Vatawlan qui, lui, le parlait au grand marchĂ© de Doumrou. Ils troquaient, contre des rouleaux de gabak, du gros bĂ©tail et des moutons pour le chef. Les peuls sont eux-mĂȘmes prĂ©sents Ă Lam, en particulier dans le commerce des perles, en rade foraine, Ă la devanture » du chef, pratique qui prĂ©cĂ©da les marchĂ©s ouverts par la colonisation chez les paĂŻens. Certains commerçants de perles et de sels sâinstallent mĂȘme Ă Lam, comme ce curieux Mal Bello, un affranchi de Doumrou. Il serait venu apprendre la pharmacopĂ©e gidar auprĂšs de tradipraticiens disna miya rĂ©putĂ©s, comme Zourmba Tambayo, Mal Bello livrant en Ă©change sa propre science. Toumba, en auditeur silencieux, y aurait souvent accompagnĂ© Tambayo... Par la suite, Mal Bello intrigua dans la collecte des impĂŽts pour le compte du lamido de Mindif. SuspectĂ© dâĂȘtre un agent double, il sera chassĂ© de Lam quelques annĂ©es avant que Mangilva ne sâengage dans sa vie de prophĂšte. Les prĂ©dications de Mangilva 38Mangilva livre deux discours simultanĂ©s car il mĂšne un double combat. Lâun vise Ă subvertir lâoeuvre des ancĂȘtres en y introduisant des nouveautĂ©s de nature Ă Ă©largir le champ religieux gidar. Loin de vouloir ĂȘtre le prophĂšte des seuls Gidar, Mangilva cherche Ă rallier les Daba, Giziga, Mundang, Mambay et Fali â mais une telle entreprise ne peut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e que sur le long terme. 39Le second discours est celui de la prĂ©dication du prophĂšte millĂ©nariste, Ă laquelle ne manque aucun canon. Il sâagit, en lâoccurrence, dâallier Ă une parole mystique, inscrite dans le temps, les moyens dâun soulĂšvement brutal contre le pouvoir colonial exorbitant qui se met alors en place avec la construction de postes, de routes dĂ©jĂ automobilisables, lâarrivĂ©e du tĂ©lĂ©graphe, lâimposition de cultures riches », les recensements nominatifs qui contraindront Ă jamais au paiement de lâimpĂŽt, ou encore les miliciens et toute une hiĂ©rarchie de chefs au service de cette contrainte administrative. 40Mangilva prophĂ©tise un monde qui se dĂ©truira pour ĂȘtre remplacĂ© par un autre qui ne sera pas celui des Blancs ». Il donne Ă voir un avenir autre, une sorte de monde dâavant » mais en meilleur, la terre sans mal » de tous les prophĂštes millĂ©naristes. Sacrifices et privations sont prĂ©sentĂ©s comme le nĂ©cessaire prĂ©lude Ă lâinĂ©vitable flot de bienfaits qui ne manquera pas de suivre le dĂ©part de lâadministration coloniale. Toutefois, les discours que nous avons collectĂ©s demeurent avant tout trĂšs anti-Peuls. Ils peuvent se rĂ©sumer dans cette diatribe Les Peuls ont pris nos fils comme esclaves, nos filles comme sulaaâbe concubines esclaves. Ils ont tuĂ© les vieux pour dĂ©truire notre savoir, ont brĂ»lĂ© nos villages et razziĂ© nos troupeaux. Les Blancs sont venus dominer les Peuls, qui voient aujourdâhui leurs forces dĂ©cuplĂ©es grĂące aux fusils des Blancs. Par la puissance de nos sacrifices les Blancs partiront aussi rapidement quâils sont apparus, les Peuls affaiblis sans leur tuteur seront Ă leur tour massacrĂ©s et chassĂ©s des plaines. 41Ces harangues empruntent au discours des devins, souvent allusifs, volontiers confus et plein dâĂ©nigmes. Sur cette fin du monde promise, les prĂȘches dĂ©lirants » ne le sont que par la mĂ©connaissance que nous avons dâun langage prophĂ©tique partagĂ© par la plupart de ces groupes, qui y trouvent leur intelligence du monde. Tous partagent ces infracroyances concernant, par exemple, les Ă©clipses partielles de soleil qui manifestent le mĂ©contenÂtement de Dieu et cette peur continuelle dâun retour Ă la nature sauvage des animaux domestiques, etc. Il en va de mĂȘme lorsque Mangilva annonce que la terre se couvrira de tĂ©nĂšbres, que chacun devra se barricader avec des rĂ©serves de mil, de son de mil, de fruits sĂ©chĂ©s comme pour parer Ă une famine. La lune va mourir, puis renaĂźtre et le peuple avec elle. Beaucoup mourront, les familles survivantes reconstruiront un monde nouveau. Cette ambiance millĂ©nariste sâaccompagne de mots dâordre visant Ă dĂ©jouer, par des sacrifices, les malheurs naturels et un cycle mĂ©tĂ©orologique accablant. 42Les diffĂ©rents informants ont gardĂ© en mĂ©moire les injonctions Ă sacriÂfier du bĂ©tail et les mots dâordre de Mangilva mafate », Ă©gorgez ! » pour prĂ©venir une Ă©pidĂ©mie ; Ă©gorgez ! » pour Ă©loigner la sĂ©cheresse ; Ă©gorgez ! » pour provoquer un soulĂšvement. Dans le mĂȘme temps, ses directives Ă lâencontre de la colonisation se bornent Ă refuser de payer lâimpĂŽt de capitation le garaama ou dâutiliser des piĂšces de monnaie â pataka 2 F, suley 1 F, et siisi 0,50 F au dĂ©triment des bardaw fer de houe aplati, gabak et mazla cauris, jake en fulfulde. 43Le parcours de Mangilva en tant que prophĂšte peut sâenvisager en deux temps. Les deux premiĂšres annĂ©es sont employĂ©es Ă imposer une nouvelle forme de religiositĂ©, refondant les rituels, les simplifiant, les rendant plus comprĂ©hensibles au plus grand nombre, musulmans compris. Sâil essaie de sâimposer aux chefs de terre, il se garde, au dĂ©but, de les affronter dans leur pouvoir politique et celui de leur justice, prĂ©rogatives qui leur permettent de tenir leur rang. 44La derniĂšre annĂ©e, poussĂ© par les zĂ©lotes sortis de la foule des pĂšlerins, son discours se radicalise et se fait plus violent, le soulĂšvement approche. Se sentant suffisamment forts, ses disciples » vont pouvoir disperser des rĂ©unions de contestataires. Il est Ă remarquer nĂ©anmoins quâil y a peu de violences physiques, un certain nombre dâopposants se voyant contraints de quitter Lam. 45Mangilva sait que sa rĂ©volution religieuse » lui a aliĂ©nĂ© le cercle des notables, aussi recherche-t-il un consensus auprĂšs des maĂźtres de la terre. GrĂące Ă la richesse que gĂ©nĂšre lâĂ©norme pĂšlerinage de Lam, il parviendra Ă en acheter » un certain nombre. Lam, centre de pĂšlerinage 1925-1926 46Au sein de cette mosaĂŻque de populations disparates ne pratiquant ni les mĂȘmes langues, ni les mĂȘmes cultures, existe, moins visible, un ensemble dâinfracroyances et de symboles partagĂ©s dans le cadre dâune commune religion du mil » des façons de se conformer face Ă la mort, de se purifier, de jurer de son innocence... Surtout, ces populations partagent les mĂȘmes aspirations face aux maux qui les assaillent, Ă©pidĂ©mies, invasions acridiennes, sĂ©cheresses... Quâun centre religieux Ă©merge pour rĂ©pondre aux angoisses des hommes, Ă leur recherche de fĂ©conditĂ©, de rĂ©ussite dans leurs entreprises alors les foules accourent. Quâun pĂšlerinage se crĂ©e, et avec lui se dessinent des chemins propres Ă dĂ©cloisonner toutes les petites patries ethniques, des clauses de circulation avec sauf-conduits, objets ou marques auxquels tous vont adhĂ©rer. Ces cultes, en rassemblant des foules, drainent â pour lâĂ©poque â dâĂ©normes richesses. Ils seront aussi des lieux dâĂ©change et dâintrigue politique. On est surpris de la rapiditĂ© de leur mise en place. Dans le passĂ©, certains ont Ă©tĂ© Ă©phĂ©mĂšres, tandis que dâautres, comme Goudour, se sont institutionnalisĂ©s sur plusieurs siĂšcles. Les envoyĂ©s de Mangilva 10 Dawaye Nday, un forgeron mohoĂŻsoko, Garzam du clan Mandaway et bien dâautres encore Dlogomo Paliy ... 47DĂšs son retour Ă Lam, Mangilva fait mander ses amis Dawaye Nzalam, de Nyoua, et Dawaye Loblob, de Kongkong. Il leur rĂ©vĂšle que Dieu est en lui et il les envoie accomplir les premiers sacrifices propitiatoires. Par la suite, il recrutera dâautres disciples10. Ils sont dĂ©signĂ©s comme la faada â le conseil », chez les Peuls â de Mangilva. Dawaye Nzalam est lâinterprĂšte de Mangilva lorsquâil vaticine derriĂšre lâĂ©cran de sekko de son enclos. 48Les autres sont des envoyĂ©s de Mangilva qui rĂ©sident et se dĂ©placent chacun dans sa province. Ces disciples-envoyĂ©s sont appelĂ©s metive ou encore gewled nani, en gidar. Certains les dĂ©signent par gawla ou encore, comme pour les Peuls, par azia adjia. Dawaye Nday est le reprĂ©sentant de Mangilva pour tout le pays gidar. Dawaye Loblob a la responsabilitĂ© du pays mundang de LĂ©rĂ©, Garzam officie auprĂšs des Giziga de Midjiving et de Moutouroua, et Dlogomo auprĂšs des montagnards daba et hina. Ils sont envoyĂ©s selon la connaissance quâon leur attribue des langues et moeurs de leurs voisins. Sur place, ils rĂ©sident dans lâentourage des chefs locaux comme reprĂ©sentants officiels de Mangilva. Des reprĂ©sentants proprement daba ou mundang, Ă©galement investis par Mangilva, iront toucher des groupes plus pĂ©riphĂ©riques encore. 49Leur mission premiĂšre est dâenseigner les pratiques sacrificielles de Mangilva, les nouveaux rituels, puis de veiller Ă leur bonne exĂ©cution. Ils reprennent exactement le rĂŽle endossĂ© par les envoyĂ©s du grand Goudour et les mĂȘmes pratiques, consistant Ă se dĂ©placer sans ĂȘtre vus la nuit et Ă rester enfermĂ©s le jour. La charge rituelle portĂ©e serait trop forte pour le commun des mortels, et, plus prĂ©cisĂ©ment, les femmes et les enfants. Toumba, une fois mis Ă lâĂ©cart dans son camp de sekko et sous ses auvents, se conforme Ă lâĂ©tiquette du chef de Goudour, qui ne saurait apparaĂźtre en public et ne sort quâĂ partir du milieu de la nuit. 50On se dĂ©place encore â en lâabsence de langue vĂ©hiculaire â, comme cela se faisait durant la pĂ©riode prĂ©coloniale, en sâappuyant sur le relais des alliances matrimoniales. Ainsi un reprĂ©sentant de Lam arrivĂ© Ă Lara, chez les Mundang, pour prĂȘcher le cĂ©leste de Lam » wofa lam peut-il rĂ©sider chez un frĂšre du chef, avant quâun Mundang de Lara, parlant tupuri, lâescorte dans sa belle-famille chez des Tupuri de DoubanĂ©... GrĂące Ă la paix coloniale, au cours de cette dĂ©cennie 1920, les gens se dĂ©placent librement, quoiquâen armes. Aussi, le pĂšlerinage de Lam va-t-il rapidement connaĂźtre un grand essor, brassant Gidar, Mundang, Mambay, Daba et Fali. Tous se dĂ©couvrent une conscience rĂ©gionale jadis plus pressentie que vĂ©cue. Câest lĂ sans doute le vĂ©ritable miracle » de Mangilva. Dessin 5 Le camp du dieu de Lam » Ă ses dĂ©buts, reconstitution. 1. La cellule de Toumba ;2. Lâespace dâattente abritĂ© par des auvents ;3. Lâesplanade pour les danses et autres manifestations ;4. Lâenclos de rĂ©ception des offrandes des pĂšlerins ;5. Les maisons des oncles » de Toumba, avec les greniers de stockage des dons ;6. Les corrals pour les offrandes de bĂ©tail. © Christian Seignobos Le camp du dieu de Lam 51Dans le quartier de Bray, le camp du dieu de Lam ressemble Ă une enclave singuliĂšre avec, presque au centre, la demeure de Mangilva entourĂ©e dâune double enceinte de sekko tressĂ©s par les spĂ©cialistes des architectures de vannerie, les Giziga voisins de Moutouroua. Des hangars accueillent la foule qui attend pour prĂ©senter ses requĂȘtes avec, Ă lâarriĂšre, une aire pour les rĂ©jouissances et les danses. Rapidement trop Ă©troite, elle sera remplacĂ©e par une autre, plus vaste, Ă lâentrĂ©e de Lam. Les pĂšlerins trouvent Ă se loger pour la nuit dans les diffĂ©rents quartiers. 11 On collectait les way tuâbuza bomeeje en fflde, lingots de fer cylindriques de Pala, les bardaw, ... 52On observe Ă©galement trois corrals pour les bovins, caprins et ovins, une aire pour verser les dons en mil, niĂ©bĂ©s, arachide. Les greniers de rĂ©serve sont placĂ©s sous la surveillance des oncles et frĂšres de Mangilva. On signale aussi des magasins pour entreposer la monnaie de fer11 et les rouleaux de gabak. 53Les Daba de Mousgoy, les Hina, les Fali de LibĂ© sont les plus gros contributeurs de fer bardaw et de petit bĂ©tail. Les Mambay et les Mundang de LĂ©rĂ© apportent des paniers de poissons secs, des bovins et mĂȘme des chevaux. On comptabilise les fers venus de chez les Kado, des poneys de chez les Musey... En 1925-1926, Lam est prĂ©sentĂ© comme une vĂ©ritable ruche durant les mois de saison sĂšche. Selon les ultimes tĂ©moins de cette pĂ©riode, les offrandes affluent continuellement comme des retours sans fin de razzias ». 12 Il sâagit dâun mĂ©tier horizontal Ă pĂ©dales, Ă bandes Ă©troites, qui appartient au vaste complexe de ... 13 Cache-sexe en rideau de devant bleu, blanc, jaune, rouge ; ou triangulaire, sur cuir, avec perles ... 54La journĂ©e durant, tout un personnel sâactive pour amĂ©nager ce camp de paille et vanneries, extensible et rĂ©tractable en fonction des arrivĂ©es et des dĂ©parts des pĂšlerins. La famille de Mangilva, ses disciples ainsi que les adeptes secondaires de cette rĂ©novation religieuse apparaissent, Ă des degrĂ©s divers, comme les bĂ©nĂ©ficiaires du systĂšme mis en place par Toumba. Les gens de Lam parlent de cette Ă©poque comme un sommet dans lâart du tissage pourtant rĂ©cemment introduit par des colporteurs bornouans. Chaque concession dispose dâun Ă deux mĂ©tiers12. Lam se met Ă cultiver intensivement deux variĂ©tĂ©s de cotonniers pĂ©rennes, empruntĂ©es aux Peuls de Binder, Gossypium arboreum et G. hirsutum. Avec le pĂšlerinage, la production de gabak de Lam connaĂźt un grand succĂšs. De nombreux enclos montent des canevas pour rĂ©aliser des cache-sexes perlĂ©s avec leurs jeux de couleurs, leurs trompe-lâoeil propres Ă alimenter de vĂ©ritables concours dâĂ©lĂ©gance13 â au point quâun certain nombre de nos informateurs ont pu affirmer que les bonnes choses avaient commencĂ© Ă arriver avec Mangilva ». 55Le pĂšlerinage permet dâagrandir le cercle dâappartenance et de diffuser les nouvelles pratiques rituelles de Mangilva. Il provoque un premier brassage, inusitĂ©, de groupes qui font assaut de sĂ©duction Ă travers des chants, des danses, des coiffures, des parures... Comme Ă Goudour, le pĂšlerinage est dâabord festif, les dĂ©lĂ©gations viennent avec la joie », parĂ©es de leurs plus beaux atours, accompagnĂ©es de diffĂ©rents tambours et dâune grande variĂ©tĂ© de flutiaux et de sifflets. Les Gidar de Lam, hĂ©ritiers de ces fĂȘtes du pĂšlerinage, ont, jusquâau dĂ©but des annĂ©es 1980, prĂ©sentĂ© les meilleurs ballets et les plus belles parures, en particulier lors des fĂȘtes des rĂ©coltes. Ces fĂȘtes seront courues par tout le monde coopĂ©rant des annĂ©es post-indĂ©pendance 1960-1975 et, lors de concours de danse, les ballets de Lam seront assurĂ©s de les remporter signalĂ© Ă©galement par Collard 1977 315. 14 Il existe chez les Mundang, et surtout chez les Musey, des collĂšges de possĂ©dĂ©es. Leur prĂ©sence ren ... 56Les gens sont canalisĂ©s pour se prĂ©senter devant Mangilva dans une sorte de pre-naos. Le jour, il sâexprime sans Ă©lever la voix, de maniĂšre monocorde, derriĂšre un Ă©cran de sekko, entre propos audibles et vaticinations que lâon doit traduire aux pĂšlerins. Les salutations types se succĂšdent Nous sommes venus rencontrer le bien, car nous avons appris quâil y a ici la prĂ©sence dâune divinitĂ©. » La dĂ©lĂ©gation dĂ©cline son origine et formule ses requĂȘtes. On vient implorer la protection de Mangilva de façon collective contre les Ă©pidĂ©mies, la variole mondek â chez les Gidar, on jure aussi de son innocence sur ce mal â ou la mĂ©ningite mataw hula... On vient quĂ©mander plus de vigueur virile, plus de fĂ©conditĂ©, de rĂ©ussite sociale ou encore dâ ĂȘtre aimĂ© par le chef »... Il existe auprĂšs de Mangilva un collĂšge de femmes qui compose des chants de louange en sâaccompagnant de flĂ»tes, mais il ne sâagit pas ici de femmes possĂ©dĂ©es par un quelconque esprit14. 15 Lorsque nous Ă©tions VSN volontaire du Service national, en 1970, nous nous sommes rendu sur la ro ... 57Ă partir du milieu de la nuit, Mangilva a une façon trĂšs particuliĂšre de dĂ©livrer ses messages, juchĂ© sur des fourches faĂźtiĂšres des plus hauts caĂŻlcĂ©drats de Lam. Les informateurs rappellent son inĂ©puisable dĂ©bit de paroles et ses cris impressionnants dans la nuit. Dâautres disent quâil utilisait la voix des tuya ou mĂ©langeait les deux. Cette façon de dĂ©livrer des messages nâest pas propre Ă Mangilva, les chefs de quartier ayant lâhabitude de se hisser sur leur grenier, la nuit, pour rĂ©vĂ©ler plus en dĂ©tail les rĂ©sultats de la divination annuelle dâaprĂšs les rĂ©coltes. Les divulgations passent par un mode particulier de tessiture. Vers le mois de novembre, dans les villages de Bidzar, Biou et mĂȘme Boudva, on peut entendre la voix des esprits ancestraux », traits qui, pour Collard 1977 122, serait plutĂŽt mundang. Ces voix de tuya » sâexpriment sur le mode aigu et le plus souvent Ă partir de rochers ou dâarbres. Des artifices techniques dissipent la voix, dont il est difficile de saisir lâorigine Yves Plumey 1990 232-23315. 58Viennent Ă Lam dâautres dĂ©lĂ©gations plus politiques. Les Mundang de LĂ©rĂ©, de Garey et mĂȘme les Kado de Pala et des Peve, pourtant Ă©loignĂ©s, se rĂ©vĂ©leront les plus rĂ©actifs aux messages de Mangilva. Les dĂ©lĂ©gations les plus prestigieuses viennent de LĂ©rĂ© avec le prince Gadianka, qui se prĂ©sente lui-mĂȘme comme le porte-parole de Mangilva. La ferveur populaire pousse bien des chefs Ă venir porter allĂ©geance Ă Mangilva villages de LibĂ©, Roum, Mijiving, Mousgoy â la nuit, afin de ne pas Ă©veiller les soupçons. MĂȘme des Peuls de Bindir et de Mindif envoient des Ă©missaires-espions pour Ă©valuer ce bouillonnement religieux, dont ils redoutent les consĂ©quences. 59Lâinfluence de Mangilva atteint, Ă lâouest, les monts Mandara, Gude non inclus ; au sud, les Fali du PeskĂ©-Bori ; Ă lâest, les Mundang de Torok et les Tupuri de DoubanĂ©. Ă son point extrĂȘme, elle touche des fractions musey, jusquâau Logone, oĂč les populations se montrent toujours prĂȘtes Ă entrer dans quelques alliances batailleuses et Ă rallier de nouveaux cultes religieux Jacques Vossart 1971 136. 60Le messianisme a besoin, pour fonctionner, dâopacitĂ©, aussi les mots dâordre Ă©manant de Mangilva trouvent-ils des interprĂ©tations diverses. Mais, autour de ses prĂȘches se crĂ©e un vĂ©ritable fonds Ă©motionnel commun. Mangilva va se trouver peu Ă peu prisonnier de ses propres discours et de lâatmosphĂšre de ferveur que dĂ©gagent ses oracles au cours des pĂšlerinages. 61Avec le recul, certains informateurs constatent quâil existe une vĂ©ritable dissonance entre les harangues vindicatives de Mangilva et le dĂ©roulement trĂšs amĂšne du pĂšlerinage sans exaltation populaire, ni rixes. On nâa pas connaissance dâune atteinte Ă lâordre public, et lâadministration coloniale sâen est aussi peu prĂ©occupĂ©e. On constate que lâaire du pĂšlerinage nâest pas superposable totalement, loin sâen faut, avec celle du soulĂšvement espĂ©rĂ©. Certains groupes nâadhĂ©reront quâau message religieux. Il est, en revanche, Ă remarquer que ces mots dâordre seront porteurs dâune grande force de subversion au Tchad, dans des communautĂ©s rĂ©ceptives, pour affronter lâadministration coloniale. Ă partir des directives plus ou moins fantasmĂ©es de Mangilva se dessine alors un rĂ©el plan de subversion. Son discours tire bien sa lĂ©gitimitĂ© de la colonisation quâil prĂ©tend combattre et dont, sans cesse, il Ă©grĂšne les mĂ©faits. Ă dĂ©faut dâun but clair, les prĂ©mices de ce soulĂšvement expriment un sens Ă©vident qui, toutefois, semble avoir Ă©chappĂ© aux chefs de subdivision. Pour une administration tout Ă sa mission civilisatrice, la rĂ©alitĂ© objective est hors de propos elle nâentre pas dans le champ du message colonial et elle reste mĂ©connue. Ainsi se montre-t-elle incapable de reconnaĂźtre les signes religieux et de sâintĂ©resser Ă ce phĂ©nomĂšne, pourtant on ne peut plus visible, que fut le pĂšlerinage de Lam, et dont aucune mention nâest faite dans les archives. Lâadministration coloniale militaire ne peut envisager chez les haaâbe un ennemi capable de se dresser contre elle. Ă la dĂ©couverte de Toumba, les militaires en restent Ă ce syllogisme le dieu de Lam », baptisĂ© sorcier », comme tous les sorciers, devins et apparentĂ©s, nâest quâun agitateur potentiel de sa seule communautĂ© villageoise. Ils ne peuvent soupçonner la rapiditĂ© de propagation des mots dâordre de Mangilva dans un tissu ethnique aussi Ă©tendu et divers. Ainsi le soulĂšvement du dieu de Lam » les prendra-t-il totalement au dĂ©pourvu. Dessin 6 Les danseurs de Lam 1972 reprenant des chorĂ©graphies initiĂ©es lors des pĂšlerinages de Lam des annĂ©es 1920. © Christian Seignobos Le soulĂšvement du dieu de Lam au Cameroun et au Tchad 62Lâirruption de la colonisation a ravi aux paĂŻens de plaines du nord du Cameroun une revanche quâils prĂ©paraient de longue date contre lâoccupant peul qui les avait spoliĂ©s de leurs terres et acculĂ©s depuis un siĂšcle sur des sites dĂ©fensifs. Certains sâĂ©taient mis Ă lâĂ©cole des armĂ©es peules et leurs cavaleries caparaçonnĂ©es pouvaient rivaliser avec celles de nâimporte quel lamidat. CâĂ©tait notamment le cas des chefferies de LĂ©rĂ©, BiparĂ©, Lara, Hina et Mousgoy. Les paĂŻens avaient, par ailleurs, amĂ©nagĂ© et fortifiĂ© des sanctuaires dont les armĂ©es peules ne pouvaient venir Ă bout elles multipliaient les siĂšges infructueux, qui devaient ĂȘtre levĂ©s dĂšs lâarrivĂ©e des pluies. Ă la fin du xixe siĂšcle, les interventions peules nâopĂ©raient que sous la forme de coalitions le plus souvent conduites par lâĂ©mir de Yola lui-mĂȘme. Une sorte de royaume ambulant se dĂ©plaçant Ă travers cette immense province de lâAdamawa permettait tout Ă la fois de contrĂŽler des vassaux indociles et de contenir les paĂŻens insoumis. Pour empĂȘcher ses vassaux peuls yillaga des lamidats de Mindif, de Binder et de Bibemi de trop sâaccroĂźtre, lâĂ©mir favorisait des allĂ©geances directes Ă Yola pour certains chefs paĂŻens, moyennant une conversion Ă un islam de façade, comme ce fut le cas pour LĂ©rĂ© Seignobos et Tourneux 1978 et LibĂ©. Ces campagnes pendant la saison sĂšche devenaient une forme de gouvernement alors que les razzias se montraient par ailleurs de plus en plus improductives. Depuis leurs places fortes, en revanche, les paĂŻens lançaient des raids sur les routes caravaniĂšres, en particulier celle de Maroua-Garoua-Yola, sur les piĂ©monts orientaux des Mandara, qui traverse le pays gidar. 16 Nous reprendrons la dĂ©finition de kirdi » dans Baudelaire, 1946 10. Ce mot âkirdiâ appartient ... 63Ă la veille de lâarrivĂ©e des Allemands, en 1900, lâĂ©mir Zoubeirou assiĂšge Lam une derniĂšre fois durant plus dâun mois, sans rĂ©sultat. Une dizaine dâannĂ©es auparavant, câest lâĂ©mir Oumarou Sanda qui avait cherchĂ© Ă sâemparer du rocher de Lam, le siĂšge Ă©tant conduit par Yerima Iya. LâarmĂ©e peule campait Ă lâarriĂšre de Mayo LouĂ©, poste de surveillance plutĂŽt que lamidat, créé tardivement, vers 1860, dans un souci stratĂ©gique pour contenir les Gidar Ă lâest et les tenir Ă©loignĂ©s de la route Maroua-Yola Eldridge 1988. LâarmĂ©e de lâĂ©mir ne rĂ©ussit pas Ă affamer les Gidar, dont la montagne recĂšle des points dâeau abondants et des rĂ©serves rĂ©guliĂšrement entreposĂ©es. Les Peuls dĂ©crivent par ailleurs les Gidar comme des hordes de cynocĂ©phales faisant rouler sur eux des pierres. Les insĂ©curitĂ©s dans ces commandements paĂŻens » devaient se poursuivre jusquâau dĂ©but de la pĂ©riode coloniale, aussi Guider en 1922, comme plus tard KaĂ©lĂ©, seront-ils des postes administratifs créés ex nihilo pour protĂ©ger les diffĂ©rentes voies de Garoua Ă Maroua, menacĂ©es par des turbulents kirdis16 ». 64Les lamibe chefs peuls se mettent rapidement au service de lâadministration coloniale, tout en cherchant Ă la subvertir et Ă lâutiliser Ă leur profit, en particulier durant la premiĂšre pĂ©riode, celle de lâadministration militaire. Les lamibe nâont quâun discours les haaâbe sont rebelles Ă votre autoritĂ©, aidez-nous Ă rĂ©asseoir notre pouvoir sur eux et nous les ferons obĂ©ir ». Or, dans le passĂ©, les lamibe nâont jamais gouvernĂ© ces communautĂ©s haaâbe, les Gidar en particulier. La prĂ©tention de vouloir faire lever les impĂŽts pour lâadministration par ces anciens razzieurs Ă©tait, pour les Gidar, inacceptable. Lâadministration militaire ne voudra jamais admettre que le truchement peul leur aliĂ©nait irrĂ©mĂ©diablement les groupements paĂŻens et quâil fallait les affranchir de cette tutelle. Cela Ă©tait dâautant plus insupportable pour les Gidar de Lam quâils Ă©taient restĂ©s indĂ©pendants â si lâon excepte une forme de cotutelle nominale, jamais effective, entre deux grands lamidats peuls yillaga rivaux Mindif et Binder. Aussi la soumission de Lam, sur ordre de lâadministration, au plus picrocholin des lamidats peuls, Mayo LouĂ©, Ă©tait-elle particuliĂšrement inadmissible. Elle alimenta une rancoeur qui ne put sâexprimer en 1927, mais qui Ă©clatera une dizaine dâannĂ©es plus tard. Le monde qui sâoffre aux haaâbe Ă travers lâadministration coloniale leur semble incomprĂ©hensible dans ses dĂ©marches et dans ses objectifs. Les reprĂ©sentants de cette administration, peu nombreux, et changeant sans cesse, leurs sĂ©jours ne durant que de quelques mois Ă moins de deux ans, rĂ©clamant trop de respect », semblent trop inaccessibles pour que puisse ĂȘtre Ă©tabli le moindre rapport personnel. Quant aux interprĂštes officiels turjman des Peuls ou des foulbĂ©isĂ©s, ils sont autant au service du commandant » que des lamibe dont ils sont parfois restĂ©s les sujets. Une sociĂ©tĂ© gidar ingouvernable, la pĂ©taudiĂšre de Lam 65Dans la sociĂ©tĂ© gidar de Lam, le pouvoir est partagĂ© par une infinitĂ© dâautoritĂ©s qui se combinent, sâajoutent et souvent sâannulent. Nous ne retiendrons que les clans qui gravitent autour du chef ». Ils appartiennent pour lâessentiel Ă deux sphĂšres les plus anciens viennent du Nord via Goudour, alors que ceux rĂ©cemment installĂ©s revendiquent des origines de lâEst et du Sud. Ils nâont de cesse de rĂ©amĂ©nager une charte de cohabitation toujours ressentie comme provisoire. 66Le maĂźtre de la terre du clan Muldama, venu de Goudour, est un faiseur de chefs. Il est Ă la tĂȘte du cĂ©nacle de notables, des aĂźnĂ©s de lignages, qui nomme le chef politique » parmi un clan des chefs de pluie. Selon les circonstances, ce cĂ©nacle peut dĂ©poser le chef, au terme dâune sĂ©ance de devins que le maĂźtre de la terre aura commanditĂ©e. Ce contre-pouvoir institutionnel fait de lui un perpĂ©tuel agitateur rompu aux alliances et retournements dâalliance entre les aĂźnĂ©s de lignages, souvent chefs de quartier. Des notables comme le chef des forgerons â souvent aussi chef de guerre clan MokoĂŻsoko â, celui des devins clan Mandaway, le chef du vent » clan Madirgirgiya, qui contrĂŽle Ă la fois tornades et feux de brousse, peuvent par ailleurs, selon leur personnalitĂ©, ĂȘtre des opposants potentiels au chef de terre. 67Les derniers chefs Ă avoir Ă©tĂ© nommĂ©s par ce cĂ©nacle furent Goubay Zoua, son fils Moubaya Goubay et Nembata, fils de Moubaya. Ce dernier sera exĂ©cutĂ© par les Allemands en 1905, pour avoir refusĂ© de se prĂ©senter devant eux et avoir fui sur la montagne. Lâadministration va alors nommer Douloum Nembata. Affranchi du cĂ©nacle de notables intronisateurs, Douloum comprend que ce changement lâautorise Ă monopoliser tous les pouvoirs, dans la mesure oĂč il nâa de compte Ă rendre quâau bureau barriki de la subdivision. Cette logique cumulative se rĂ©vĂšle inacceptable pour la gĂ©rontocratie gidar. Le chef de terre Laadi, forte personnalitĂ© de Lam, convoque alors le collĂšge des notables et met en accusation Douloum. La diatribe conduite par Dikani, frĂšre de Laadi, peut se rĂ©sumer ainsi Es-tu toi, Douloum, le seul maĂźtre de Lam ? » Douloum va se plaindre de ses opposants » Ă la subdivision. Dikani doit sâexiler au Tchad. Douloum crĂ©e alors un contre-cĂ©nacle avec ses propres notables. 17 Le gisement de marbre de Bidzar a Ă©tĂ© dĂ©couvert par le Dr Otto Mann dĂšs 1910. La cuisson a commencĂ© ... 68Non seulement les Gidar ne comprennent pas les nouveaux codes coloniaux, mais ils ne peuvent Ă©chapper aux obligations dictĂ©es par lâadministration. Le poste de Guider, prĂšs du lamidat peul de Mayo LouĂ©, tĂ©moigne de cette double sujĂ©tion. Le Cameroun, placĂ© sous mandat, ne se verra pas imposer la culture du coton comme au Tchad. Toutefois, les Gidar vivent comme une vĂ©ritable contrainte17 lâentretien des fours Ă chaux. DĂšs 1923, il faut fournir des corvĂ©es de bois de chauffe pour les fours, lesquelles ne seront levĂ©es ni pour les semailles, ni pour les rĂ©coltes. Le cadre de lâindigĂ©nat implique Ă©galement des obligations de portage et de construction de routes Garoua-Maroua. Une premiĂšre route passant par Guider et Lam est tracĂ©e. En 1923, on sâaperçoit quâelle traverse des zones dĂ©trempĂ©es et, de surcroĂźt, situĂ©es en pays giziga, toujours pas astreint au rĂŽle de lâimpĂŽt pour cause dâinsĂ©curitĂ©. Ce tracĂ© sera temporairement abandonnĂ©. Il faut revenir sur les piĂ©monts rocailleux des Mandara, route qui sera ouverte en 1925. Un rĂ©seau de pistes secondaires rayonnant Ă partir de Guider verra son achĂšvement en 1927. 18 Le capitaine Charles Vallin, dans une lettre adressĂ©e Ă M. le commissaire de la RĂ©publique, en 1931 ... 19 Rapport de tournĂ©e effectuĂ©e du 14 au 24 mars 1927 par Lenoir, chef de la circonscription de Maroua ... 69Le portage implique une charge pour les populations riveraines des routes. Elles doivent non seulement des prestations dâentretien, mais aussi lâalimentation en eau de grosses jarres pour les porteurs et, tous les 15 kilomĂštres, lâentretien dâun campement administratif. Le bon fonctionnement de cette infrastructure de base sert Ă noter les chefs locaux et Ă se faire une idĂ©e de la qualitĂ© de lâencadrement des populations18. Un tribunal civil est ouvert Ă Guider, la mĂȘme annĂ©e, tandis que les premiers marchĂ©s de brousse sont créés, dâabord Ă Djougui. Les Gidar se sentent Ă la fois Ă©touffĂ©s administrativement et Ă©puisĂ©s par des rĂ©quisitions sans fin. Il faut ajouter Ă cela un contexte climatique dĂ©favorable dans lequel se dĂ©veloppent les prĂ©dications et les campagnes de sacrifices de Mangilva. En 1925, une saison de pluies trĂšs mal distribuĂ©es entraĂźne des rĂ©coltes dĂ©ficitaires, provoquant une disette. Les annĂ©es 1926 et 1927 seront Ă©galement mĂ©diocres quant aux rĂ©coltes19. Les prĂ©paratifs du soulĂšvement 70Les mots dâordre venus de Lam, mĂȘlĂ©s aux injonctions de procĂ©der Ă des sacrifices, parlent de chasser lâoccupant colonial et le Peul. Ils demandent aussi de se prĂ©parer » â comprendre fabriquer des armes et faire des rĂ©serves. Des rĂ©gions entiĂšres se prĂ©parent » alors quâĂ Lam, on cherche dĂ©sespĂ©rĂ©ment un leader pour prendre la tĂȘte de la sĂ©dition. Aucune straÂtĂ©gie nâest rĂ©ellement arrĂȘtĂ©e. Les chefs de guerre appartiennent Ă des cercles concurrents jaloux de leurs prĂ©rogatives, et qui ne sont investis que le temps dâun conflit. Aucun ne possĂšde une envergure rĂ©elle, ni nâa vĂ©ritablement lâonction de Mangilva. Lui-mĂȘme est peu Ă lâaise dans le monde des armes. On sâemploie Ă chercher ailleurs. Mais les meneurs dâhommes que rencontrent les gambaredi chefs de guerre gidar auprĂšs des autres ethnies nâont pas les mĂȘmes attributs et nâendossent pas le mĂȘme rĂŽle dans leurs communautĂ©s respectives. De gros problĂšmes dâintercomprĂ©hension se font jour. Ces rencontres, en revanche, donnent lieu Ă maintes agapes. On y boit beaucoup et on ne rĂšgle rien. Le bilbil appelĂ© biya chez les Gidar, biĂšre de sorgo lĂ©gĂšre, diffĂ©rente de la bouillie alcoolisĂ©e traditionnelle, fait son apparition Ă Lam. Bien que Mangilva nây soit guĂšre favorable, la biĂšre, sous sa nouvelle recette, Ă©chappe au monopole de la gĂ©rontocratie pour commencer Ă devenir ce quâelle est aujourdâhui encore le socle de la vie sociale. 71On semble sâaccorder sur un chef de guerre comme Maydoula, qui donnera le signal mais sera peu de temps aprĂšs dĂ©savouĂ© par les chefs de guerre des villages voisins. Ă Lam mĂȘme, on nâen fabrique pas moins des fers de lance, des flĂšches, des coutelas. Chaque guerrier doit disposer de deux carquois de 50 Ă 60 flĂšches. On confectionne aussi des boucliers de cuir. On fait des rĂ©serves de boulettes de poison sagittaire au Strophantus sarmentosus, apportĂ©es par les Hina et que lâon enferme dans des poteries entreposĂ©es au sec. 72JusquâĂ la fin de lâannĂ©e 1926, Ă la veille du soulĂšvement du dieu de Lam, le lieutenant SempĂ©rĂ©, chef de la subdivision de Guider, de mĂȘme que son supĂ©rieur, le capitaine Coste, chef de la circonscription de Garoua, manifestent une totale ignorance sur ce qui se prĂ©pare. Continuellement accaparĂ© par les lamibe peuls comme celui de Mayo LouĂ©, SempĂ©rĂ© affirme, dans un de ses rapports, que lâapprivoisement des kirdis est en bonne voie. Ils apportent poulets, oeufs et farine de mil au commandant et partout lâaccueil est empressĂ© ». Les quelques villages qui ne paient pas lâimpĂŽt sont forcĂ©ment dĂ©signĂ©s comme des repĂšres de bandits ». Lui sâemploie Ă faire rentrer lâimpĂŽt, brĂ»le le sarĂ© habitation des rĂ©fractaires et rase celui de lâarnado chef paĂŻen qui ne se prĂ©sente pas Ă lui, appliquant ainsi les consignes Ă la lettre. Il dit aussi se battre pour faire cesser la traite qui se poursuit effectivement et reconduit les captifs dans leurs villages. Câest alors quâil est pris dans un guĂȘpier kirdi ». En 1925, le lieutenant SempĂ©rĂ©, accompagnĂ© dâenvoyĂ©s du lamido â ce qui, comme toujours, attise la haine des kirdis â manque de succomber dans une attaque de plusieurs centaines de Fali Ă Gola, prĂšs de Bossoum. Avec seulement un sergent et neuf gardes, il doit forcer le passage dâun col pour regagner le campement de piĂ©mont et ses chevaux. Le bilan fait Ă©tat de cinq tuĂ©s kirdis et de six blessĂ©s, du cĂŽtĂ© du chef de subdivision. Mais, pour le lieutenant SempĂ©rĂ©, il ne se passe rien Ă Lam. Les bons kirdis sont ceux qui travaillent aux fours Ă chaux Ă Biou et Bidzar. Il rĂ©clame enfin pour eux de suspendre le travail pendant la pĂ©riode des rĂ©coltes. Ă ses yeux, des kirdis rĂ©fractaires fourmillent parmi la population soumise et nous [...] font un tort considĂ©rable. Il existe notamment dans les villages de Lam, Kongkong, BĂ©douvard, Karba, Balia, quelques mauvaises tĂȘtes que lâĂ©loignement du poste met en sĂ»retĂ© ». Jamais SempĂ©rĂ© ne mentionne Mangilva. 73Pourtant, dĂšs 1926, le chef de la circonscription voisine de Maroua, au nord de Guider, relĂšve, lui, une grande effervescence chez les Giziga de Midjiving, les Mundang de Boboyo et Gadas attaques de convois et plusieurs meurtres commis sur des trafiquants voyageant isolĂ©ment [...]. En janvier dernier une tournĂ©e pourtant bien menĂ©e du lieutenant Lebreuil, chef de subdivisions [Maroua] dans ces centres rebelles nâeut quâun effet trĂšs momentanĂ© ». Ă ce moment-lĂ , rien, dans les diffĂ©rents Ă©vĂ©nements armĂ©s chez les Fali de Bossoum, les Daba ou les Giziga et les Mundang, ne laisse penser Ă une convergence possible, ni que les uns et les autres soient en relation avec Lam. Toutefois, les administrateurs de Maroua reconnaissent, eux, que lâagitation semble gagner tout le pays. Ils relĂšvent notamment une suractivitĂ©, chez les rĂ©ducteurs de fer et les forgerons, dans les rĂ©gions traditionnelles de fabrication de loupes de mĂ©tal avec la limonite recueillie pendant la saison des pluies dans les mayos, chez les Daba. Enfin, parmi les administrateurs de Garoua, le chef de circonscription Coste signale dans un rapport de 1926, que les nouvelles transmises [envoyĂ©es par les lamibe] Ă©taient mauvaises beuveries oĂč les fĂ©ticheurs promenaient des flĂšches qui devaient tuer le blanc. Les villages fali de Bossoum et de RĂ©oci devaient faire leur la cause de Gola », poussĂ©s par des messagers du dieu de Lam â ce que ne dit pas le rapport. Tout en relativisant ce bouillonnement, le capitaine Coste nâen dĂ©cide pas moins de grossir de vingt-six gardes les effectifs de Guider. On compte deux sentinelles dont une Ă la prison, un caporal et sept hommes, les autres gardes assurent la surveillance des Kirdis travaillant aux fours Ă chaux [...], deux sont mis en escortes ou se voient confier des missions particuliĂšres. En admettant quâil nây ait aucun malade, le lieutenant [de Guider] ne dispose que de douze hommes [...]. Je demande que lâeffectif du poste soit complĂ©tĂ© au chiffre fixĂ© qui est de trente-trois hommes. Câest un minimum ». Douze hommes » aurait Ă©tĂ© par ailleurs le chiffre rĂ©glementaire pour une escorte en pays kirdi. Trente-trois » hommes sera lâeffectif qui aurait dĂ» faire face au soulĂšvement du dieu de Lam. La guerre de Lam nâaura pas lieu 74Alors que les troubles commencent Ă Ă©clater un peu partout dans la rĂ©gion, entre Mindif et LĂ©rĂ©, et dont les Peuls sont les premiers Ă faire les frais, Lam attend toujours le signal de la rĂ©volte. Un soulĂšvement sans meneur dâhommes 75Les Gidar sont surarmĂ©s, les chefs de guerre se disent prĂȘts Ă diriger chacun leur contingent de guerriers... Les jours passent et la population de Lam se trouve comme paralysĂ©e devant la dĂ©cision Ă prendre. La rĂ©volte sâenlise dans le marais des multipouvoirs de la sociĂ©tĂ© gidar. 20 Depuis le 21 fĂ©vrier 1922, la circonscription du Nord-Cameroun a Ă©tĂ© divisĂ©e en deux, une subdivisi ... 76Douloum, chef de Lam â par intermittence â depuis 1918, continue de rĂ©affirmer, haut et fort, ne tenir son pouvoir que de lâadministration et non plus du chef de terre et du cĂ©nacle des notables. Laadi, le chef de terre, va chercher Ă le faire chuter Ă nouveau. Dans les annĂ©es 1920, tout le monde continue, peu ou prou, Ă pratiquer la traite ; or Douloum a vendu une femme peule contre quatre boeufs. Un notable, Viyou, poussĂ© par Laadi, va le dĂ©noncer au chef de subdivision de Maroua20. Douloum, comme tant dâautres chefs Ă cette Ă©poque, sera arrĂȘtĂ© pour fait de traite ». 77Le bureau de Guider remplace Douloum par son jeune frĂšre, Hamaoka, en fĂ©vrier 1926. Son commandement couvre alors Lam, Nyoua, Houmbal et Douvah-Guidi. DĂ©vouĂ© corps et Ăąme Ă Mangilva, le trop jeune Hamaoka est en conflit ouvert avec son oncle Bakari. Laadi sâentend alors avec Bakari et donne sa fille en mariage Ă ce dernier qui, lui, donne sa fille Ă Boto, fils de Laadi. En tant que chef de terre, Laadi nâapprĂ©cie guĂšre les rĂ©formes » de Mangilva â pas plus quâil ne prise les nouveautĂ©s introduites par lâadministration coloniale â ; mais, surtout, il lui reproche de ne lui rĂ©trocĂ©der que trop peu de retombĂ©es des richesses du pĂšlerinage. Laadi tisse encore des alliances avec MĂ©li Toumba, de Kongkong, qui a lâoreille du chef de subdivision de Guider, et dâautres chefs moins prestigieux, bloquant ainsi une dĂ©cision quant au soulĂšvement qui, comme par le passĂ©, ne pouvait ĂȘtre que collĂ©giale. Aussi les rĂ©unions dilatoires sâenchaĂźnent-elles sans rĂ©sultat. Câest la pusillanimitĂ© de ces cercles de pouvoir que les Gidar veulent aujourdâhui dĂ©noncer. 78Ă cela sâajoutent les rivalitĂ©s rĂ©currentes entre villages voire entre quartiers. Le gros quartier de Douvah, proche de Lam, a toujours manifestĂ© son opposition au chef de Lam. Les habitants de Douvah, en majoritĂ© originaires du pays giziga de Roum, se veulent indĂ©pendants de Lam. Pour ĂȘtre soutenus, ils se tournent gĂ©nĂ©ralement vers le lamidat de Mindif, alors que Lam-centre fait appel Ă Binder. La veille de lâarrivĂ©e des Allemands, Douvah subit une razzia conduite par Binder avec la complicitĂ© de Lam, sous le chef Nembata. Les gens de Douvah doivent fuir dans la plaine et chercher Ă survivre dans un lieu trĂšs exposĂ©, Ă Golom. LĂ , ils connaissent la famine car toutes leurs rĂ©serves ont Ă©tĂ© pillĂ©es par Lam... Le chef de Douvah, MĂ©li Vondou, sâalliera Ă MĂ©li Toumba de Kongkong et cherchera, lui aussi, Ă se faire bien voir de lâadministration. Il nâhĂ©sitera pas Ă trahir Lam et, au-delĂ , Mangilva. La rĂ©volte, dans son Ă©picentre oĂč officie le dieu de Lam, se fait attendre. Les prĂ©mices du soulĂšvement nâapparaissent quâĂ travers des hĂ©catombes dâanimaux et le nom de Mangilva commence Ă ĂȘtre utilisĂ© dans les rapports administratifs. Mangilva avait prescrit de se sĂ©parer de son bĂ©tail, faute de quoi les animaux se changeraient en bĂȘtes sauvages. Dans une lettre du 20 septembre 1927 du commandant de la rĂ©gion Nord au commissaire de la RĂ©publique archives non classĂ©es, sous-prĂ©fecture de Garoua Ses ordres furent exĂ©cutĂ©s car des arrivĂ©es tout Ă fait anormales de bĂ©tail se produisirent sur les gros marchĂ©s de la rĂ©gion et mĂȘme Ă Garoua oĂč les cours baissĂšrent. Lâeffet le plus immĂ©diat de la propagande Ă©tait, en tout cas, lâappauvrissement dâadministrĂ©s dĂ©jĂ trĂšs pauvres et qui se dĂ©barrassaient hĂątivement et inconsidĂ©rĂ©ment de leur seule richesse, leur cheptel [...] il est Ă craindre quâils ne tentent maintenant de le reconstituer par des actes de banditisme au dĂ©triment des FoulbĂ©s voisins. 79Cette rĂ©volte Ă©clate en revanche avec violence un peu partout ailleurs, principalement au Tchad. Sous les injonctions de Mangilva, la date choisie pour le soulĂšvement est au cĆur de la saison des pluies. Les guerres entre voisins et Ă©gaux partageant les mĂȘmes codes ritualisĂ©s, contrĂŽlĂ©s par la gĂ©rontocratie des deux camps, ne se dĂ©roulent que sur les frontiĂšres et durant la saison sĂšche, aprĂšs que les rĂ©coltes ont Ă©tĂ© engrangĂ©es. MĂȘme les razzias peules cessent pendant la saison des pluies, chacun, musulman comme haaâbe, suivant avec apprĂ©hension la croissance des petits mils et des sorghos. Mangilva invite, lui, Ă une vĂ©ritable inversion des lois de la guerre. Il nây a plus de rĂ©serves dans les silos, on annonce mĂȘme la soudure ; or lâordre de Mangilva serait de laisser le mil pour la viande, afin que les guerriers puisent leurs forces dans une alimentation carnĂ©e, selon une promesse maintes fois rappelĂ©e dans les rapports administratifs â le messie de Lam disait Ă tous ceux qui sacrifieront une vache je leur donnerai cinq vaches ». Il faut larguer les amarres avec le passĂ© et se jeter dans lâinconnu, vers les promesses de ce monde nouveau prophĂ©tisĂ©. Ce choix nâen prĂ©sente pas moins quelques avantages stratĂ©giques. Partout, les sorghos sont hauts, entre 3 et 3,5 mĂštres. Les guerriers peuvent se dĂ©placer dans cette mer de mil qui masque les villages et se prĂȘte Ă tous les guets-apens. Ces campagnes dĂ©trempĂ©es, aux vĂ©gĂ©tations herbacĂ©es ou buissonnantes exubĂ©rantes, gĂȘnent les mouvements de cavalerie. Durant cette pĂ©riode, les montures de lâadministration et celles des Peuls, harcelĂ©es par les mouches, se montrent peu efficaces. Une sĂ©dition par dĂ©lĂ©gation au Tchad contre lâadministration coloniale 80Au-delĂ de la propagande » millĂ©nariste de Mangilva qui crĂ©e un climat favorable aux Ă©meutes et rĂ©voltes, les populations du Mayo Kebbi, au Tchad Mundang, Kado, Peve, nourrissaient dâautres motifs pour fomenter une insurrection. Parmi eux, la dĂ©nonciation dâune application pour le moins abusive de lâindigĂ©nat » qui se doublait de lâobligation de la culture du coton. Elle fut conduite par un encadrement caporalisĂ© â câest lĂ un euphĂ©misme â et, de surcroĂźt, sans compĂ©tence agronomique. La rĂ©volte syncrĂ©tisera toutes ces frustrations sur fond dâangoisse partagĂ©e devant un avenir devenu incomprĂ©hensible et menaçant. Des Ă©vĂ©nements sporadiques, mais violents 81AoĂ»t 1927 fut pour le Tchad le dĂ©but de lâaffaire du dieu ou messie de Lam » Lanne 1993 434. Le chef de subdivision de Pala, Mazeau, part pour une tournĂ©e Ă Douey, LamĂ© et Dari afin de procĂ©der Ă un recensement et, surtout, pour calmer les esprits Ă©chauffĂ©s par la propagande de Mangilva. Depuis quelques mois, cette propagande » progresse, en particulier chez les Mundang. Le 30 aoĂ»t, il est attaquĂ© Ă Toukoukouri Koutoukouri, sur la carte IGN par une troupe dâindigĂšnes [Ils] lancĂšrent des flĂšches et des sagaies presque toutes empoisonnĂ©es. AprĂšs un feu de salve les assaillants reculĂšrent puis revinrent Ă la charge. » Le chef de subdivision dĂ©cide alors de se replier sur son poste. Son retour sâaccompagne de concerts de flĂ»tes et sifflets de guerre » et de volĂ©es de flĂšches Ă chaque passage de village. Le 31 aoĂ»t, il apprend que les indigĂšnes des villages de Ngara, de Touya et de Touaye, rejoints par ceux du canton de Douey et des gens de Bissi Mafou subdivision de LĂ©rĂ©, rallient Toukoukouri pour, de lĂ , marcher tous ensemble sur Pala. Cette marche tournera court par manque de logistique, chaque rĂ©voltĂ© nâemportant que deux jours de vivres, et aussi parce que certains villages leur refusĂšrent le passage. Le gros village dâErdĂ©, peuplĂ© de Peve, sâopposera Ă sa traversĂ©e par les Mundang en marche sur Toukoukouri â sâensuivirent flottement, menaces de mort... et arrĂȘt de la colonne. 21 AprĂšs lâenterrement de GauthionnĂ©, grand chef de race des Mundang », Gadianka, lâhĂ©ritier lĂ©gitim ... 82Toutefois, lâagitation monte du cĂŽtĂ© de rĂ©gions trĂšs peuplĂ©es comme LĂ©rĂ©, et le gros canton de Torok rejoint le soulĂšvement. La situation est sĂ©rieuse car les instigateurs de la rĂ©volte ne seraient rien moins que Gadianka, lâhĂ©ritier de Gong GauthionnĂ©, de LĂ©rĂ©21, frĂšre de lâactuel chef de canton de LĂ©rĂ©, Gong KidĂ©, Gandianka et SaĂŻla, chef du canton de Douey. Gandianka se fait le porte-parole du dieu de Lam dans la rĂ©gion de LĂ©rĂ© et anime le mouvement en sous-main. 22 Georges Beaudet, adjoint des services civils de lâAEF, a servi au Cameroun et au Tchad, oĂč il est c ... 23 Terme militaire des troupes coloniales de lâAfrique de lâOuest, pour le chĂąteau » ou la demeure d ... 24 Rapport du 5 juin 1928, chef de circonscription Beaudet. 83Le chef de circonscription du Mayo Kebbi, Ă laquelle appartient la subdivision de Pala, M. Beaudet22, le 11 septembre 1927, quitte prĂ©cipitamment Bongor pour Pala Ă la tĂȘte dâune petite colonne de 20 gardes. Il va se positionner au centre du soulĂšvement, Ă Toukoukouri, oĂč il fait fortifier le gĂźte-Ă©tape administratif. De lĂ , il sillonne la rĂ©gion de Pala, Douey et Lagon oĂč il est attaquĂ© par un fort parti mundang. Il y dĂ©crit des combats difficiles, menĂ©s dans des champs de sorghos trĂšs hauts. Lâadministrateur fait faucher les sorghos pour dĂ©gager les approches du tata23 » de lâarnado oĂč les Ă©meutiers se sont regroupĂ©s. La bataille dure plus de deux heures, le tata est enlevĂ© et brĂ»lĂ©, 300 Mundang sont refoulĂ©s. On compte, parmi eux, trois tuĂ©s et huit blessĂ©s ; du cĂŽtĂ© de la colonne du chef de circonscription, un Peul du convoi a Ă©tĂ© tuĂ©24. 25 Vanelsche sera ensuite engagĂ©, dĂšs 1928, dans lâĂ©crasement du soulĂšvement de Karnou chez les Gbaya ... 26 Au coeur de la contestation, Beaudet avait installĂ© Ă Lagon un commis des services civils, Duffner, ... 84Alors que le soulĂšvement au Cameroun se limite Ă une multiplication dâattaques Ă mains armĂ©es de reprĂ©sentants de la communautĂ© peule, la colonie du Tchad rĂ©clame au Cameroun le concours de dĂ©tachements supplĂ©mentaires. En septembre 1927, une colonne de 50 gardes et miliciens arrive du Cameroun avec, Ă sa tĂȘte, le chef de circonscription de Garoua, Jean Vanelsche25, accompagnĂ© des chefs de subdivision de Garoua, Maroua et Guider. Ils vont alors renforcer un dĂ©tachement tchadien Ă©quivalent, commandĂ© par Beaudet26. Ils ramĂšneront peu Ă peu lâordre en quadrillant le pays et, dĂšs le 4 octobre1927, 40 gardes pourront rentrer Ă Guider. Vanelsche, dans un long rapport 1927 5 et 7, rĂ©sume les Ă©vĂ©nements Gadianka [prince de LĂ©rĂ©] qui Ă©tait en rapport avec les Kirdis de la rĂ©gion de Guidder aurait avisĂ© Seila [chef de canton de Douey] quâun homme de la montagne de ce pays, envoyĂ© de Dieu, avait ordonnĂ© lâabattage immĂ©diat de tous les bovidĂ©s, caprins et poulets sous peine de voir ces animaux se mĂ©tamorphoser en lions, panthĂšres et charognards et dit Ă©galement que les Français nâĂ©tant plus en force et ayant peur des indigĂšnes commencent Ă Ă©vacuer le pays. Le Blanc de Guidder chassĂ© par les indigĂšnes sâest rĂ©fugiĂ© Ă Garoua avec ses gardes. Il faut de toute nĂ©cessitĂ© mettre Ă mort les EuropĂ©ens de LĂ©rĂ© et de Palla. Les hommes ressuscitĂ©s » nous aideront [...]. Les indigĂšnes de Bongor racontent... des morts parlĂšrent dans certains villages et donnĂšrent Ă leurs habitants des directives subversives [...] une aggravation de la situation de la subdivision de Palla et la continuation des agissements du dieu de Lam pourraient provoquer un revirement des esprits dĂ©jĂ bien excitĂ©s. Il importe quâune solution complĂšte et dĂ©finitive affirmant notre autoritĂ© soit apportĂ©e Ă la situation dans les rĂ©gions oĂč le mouvement a commencĂ© Ă se manifester. Faute de quoi des troubles graves seraient Ă craindre Ă Bongor. Carte 2 Carte de situation du soulĂšvement du dieu de Lam ». © Christian Seignobos 85Au Tchad, le soulĂšvement se durcit, les postes administratifs sont menacĂ©s, on veut chasser lâadministration, en particulier de Pala, poste trĂšs contestĂ© par le chef de Douey et ceux de la rĂ©gion. Le discours des insurgĂ©s sâest, lui aussi, radicalisĂ© et mĂȘme millĂ©narisĂ© ». Chez les Musey, les Masa et les Mundang, partout des guerriers morts renforceraient de façon occulte les rangs des Ă©meutiers, couplĂ©s Ă des imprĂ©cations trĂšs mahdistes telles que les fusils des commandants ne cracheraient que de lâeau ». Lâadministration coloniale, entre frayeur et mauvais diagnostics 86La prĂ©sence de militaires et dâadministrateurs civils sillonnant le pays calme les esprits, et certains des chefs trop compromis prennent la brousse ; pour autant, lâadministration Ă©prouve une Ă©norme frayeur rĂ©trospective â sans en arriver Ă formuler une analyse approfondie des Ă©vĂ©nements. Le soulĂšvement du dieu de Lam a touchĂ© une administration incrĂ©dule, dĂ©passĂ©e, puis paniquĂ©e. Celle-ci comprend enfin que ces mouvements ont partie liĂ©e et font tache dâhuile, sans toutefois saisir qui dĂ©livre les ordres de mobilisation. Les sorciers », toujours, des illuminĂ©s » qui spontanĂ©ment » mobilisent des gens Ă©chauffĂ©s par la boisson, associĂ©s Ă dâopportunistes bandits » profitant de la situation on en reste lĂ . Ces peuples organisĂ©s pour ne pas lâĂȘtre », sans appareil dynastique â les Mundang exceptĂ©s â oĂč le pouvoir se trouve diluĂ© dans une infinitĂ© dâautoritĂ©s, nâempĂȘchent nullement la circulation des mots dâordre, comme le signale Bah 1974 135, mĂȘme si, au passage des frontiĂšres linguistiques, se produisent des transformations, dilution ou amplification. Pendant deux Ă trois ans, le dieu de Lam parvient Ă crĂ©er un cercle dâaffidĂ©s touchant une quinzaine de groupes haaâbe, correspondant Ă une aire de peuplement de plus de 600 000 personnes. 27 Le mahdisme sâĂ©tait dĂ©veloppĂ© avec Rabeh lors de sa conquĂȘte du Bornou, Ă la fin du xixe siĂšcle, et ... 28 RĂ©cupĂ©rĂ©e au poste de Guider par Lestringant, qui me la communique le 12 octobre 2004. 87DĂšs lors, le danger ne peut venir que dâailleurs, ĂȘtre le fait dâagitateurs. DĂ©boussolĂ©s, les administrateurs au Tchad en viennent Ă y voir la main de lâĂ©tranger. Beaudet, le 7 juin 1928, Ă©crit au lieutenant gouverneur du Tchad jâai lâimpression que nous ne connaissons pas le fond de lâaffaire du dieu de Lam et que derriĂšre Toumba et ses acolytes pourraient se trouver des menĂ©es germaniques ou communistes, peut-ĂȘtre les deux ». Câest peu dire de cette incomprĂ©hension. Mais ils reprennent plutĂŽt leur hantise premiĂšre, qui fut plus grande encore chez les Britanniques du Nigeria, celle dâun mouvement mahdiste27 masquĂ©. Vanelsche lui-mĂȘme se montre sensible Ă lâargument, dans une lettre manuscrite de 192728 Toumba, nĂ© Ă Lam, Ă©tait fils de feu Seka et de Dina. Seka, le pĂšre, avait obtenu Ă Binder Tchad une planchette dâorigine coranique et Ă pouvoir magique, il mourut cependant brutalement dâune drogue. Toumba reprit cette planchette et fit connaĂźtre sa divinitĂ© ? Ă BourraĂŻ, Lam et Djougui. Il reçut la visite des gens de LĂ©rĂ©, Ă qui il aurait confiĂ© le soin dâattaquer le poste de Guidder. 88Deux mois plus tard, en octobre, Vanelsche, de retour au Cameroun, passe par Binder pour chercher le fameux Malloum Bakory qui remit au âmangilvaâ de Lam et Ă son pĂšre les talismans en question dans mon prĂ©cĂ©dent rapport. DâaprĂšs mon Ă©crivain dâarabe Malloum ShoulĂ© il y aurait Ă Bindir [...] des reprĂ©sentants de la secte Mahdia qui a causĂ© naguĂšre aux rĂ©sidents de la Nigeria du nord les pires difficultĂ©s ». 89Ces lettres et rapports montrent, outre le poids de la rumeur, une forme de crĂ©dulitĂ© des Peuls devant les pouvoirs occultes paĂŻens et, du cĂŽtĂ© de lâadministration coloniale, le crĂ©dit accordĂ© Ă leurs interprĂštes peuls, souvent en collusion avec les lamibe. Dans un rapport confidentiel du Haussaire » le haut-commissaire de la RĂ©publique du Cameroun, Marchand, au gouverneur gĂ©nĂ©ral de lâAEF Ă Brazza, le 7 novembre 1927, on peut lire Lâaffaire de Lam fait ressortir plusieurs choses. Lâadministration française a Ă©tĂ© surprise quâun petit sorcier ait eu une telle audience, cela montre quâelle ne connaĂźt pas le monde kirdi autre que par lâintermĂ©diaire des Peuls. Mais que la grande peur ne vient pas des fĂ©tichistes, mais toujours de lâislam, puisque cette affaire a renforcĂ© le renseignement qui sâest naturellement portĂ© sur les Mallum baladeurs Ă travers lâAfrique. 90On retrouve, lĂ encore, le mĂȘme fantasme de menace madhiste et, plus largement, de lâislam. 29 Cette incomprĂ©hension se poursuit avec un ancien administrateur colonial, historien du Tchad, dont ... 91Les archives nationales que nous avons consultĂ©es au Tchad sur le sujet ne rendent compte Ă aucun moment dâune vĂ©ritable interrogation sur la cause de ce soulĂšvement et de ses Ă©pisodes violents. Lâadministration continue, imperturbable, sa mission civilisatrice. Deux ans plus tard, le chef de subdivision de LĂ©rĂ©, Manicacci 1929-1931 lance en grandes pompes la culture du coton avec, Ă partir de 1930, non plus les variĂ©tĂ©s locales, mais le coton Triumph imposĂ© au Mayo Kebbi par la Cotonfran... et qui prendra pour nom coton manakatche ». Dans le cas de Mangilva et de sa rĂ©volte, une incomprĂ©hension totale persiste, jusquâau bout29. Ce qui domine, câest la peur rĂ©trospective dâune administration qui, plus ou moins consciemment, le fera, Ă son tour, payer au prophĂšte de Lam. La chute du dieu de Lam » Lâarrestation de Toumba Modomdoko 30 Informants Damba Govdo, Doudaka Bernadette, Kaodam Monglo, Dawaye Tougou Madi. 92Dans les traditions orales concernant la fin de Toumba, une version mâa longtemps semblĂ© insolite30. Le chef de Lam, Hamaoka Nembata, aurait Ă©tĂ© envoyĂ© par Mangilva Ă Guider pour rĂ©clamer sept vaches laitiĂšres et des gourdes de miel au commandant », pour le dieu de Lam. Alors que Toumba ne boit pas de lait, nourriture des Peuls. Hamaoka, le messager, aurait Ă©tĂ© encadrĂ© par deux proches de Mangilva, Dawaye Loblob et Dawaye Zalang. AprĂšs quâils auraient formulĂ© leur demande, le Blanc de Guider », Ă lâĂ©poque le lieutenant Belmondo, leur aurait dit ne rien comprendre. De quel Dieu me parlez-vous ? Qui alors vous commande, nâest-ce pas toi, Hamaoka ? » Les informateurs lui font ajouter des propos bien improbables Jâirai Ă Lam oĂč rĂ©side votre Mangilva pour me perdre ou pour lâarrĂȘter. » NĂ©anmoins, parmi des notes manuscrites du poste de Guider rassemblĂ©es â ici encore â par Lestringant, on peut lire la confirmaÂtion de cette Ă©tonnante provocation Le 7 aoĂ»t 1927, le chef de village de Lam dĂ©clare au chef de poste de Guider quâil y a Ă Lam un Mangilva dieu qui mâa chargĂ© de te demander, Ă titre de cadeau, cinq vaches laitiĂšres et quatre grands boubous blancs ; en cas de refus il dit quâil te chassera de Guider. 93Cette provocation, incomprĂ©hensible pour le commandant » du poste, aurait dĂ©cidĂ© ce dernier Ă dĂ©faire Hamaoka du pouvoir pour le remplacer par le chef de terre comme interim, puis par son oncle. 94Certains Gidar pensaient que le soulĂšvement ne deviendrait possible Ă Lam quâaprĂšs avoir eu lieu ailleurs. Or, le soulĂšvement fait rage chez les Mundang, les Kado et les PĂ©vĂ©, il semble imminent chez les Giziga et les Daba voisins, et il ne se passe toujours rien Ă Lam. Mangilva aurait-il provoquĂ© lâadministration afin quâelle vienne lâarrĂȘter, suscitant ainsi lâĂ©tincelle qui serait le dĂ©clencheur de la rĂ©volte ? 95Dans le cadre de nos enquĂȘtes, lâarrestation de Toumba est mise sur le compte de la trahison chefs et notables sont alors prĂ©sentĂ©s comme jaloux de la richesse engrangĂ©e par lâentourage de Mangilva par le biais dâun pĂšlerinage dont ils nâauraient jamais pu prĂ©lever leur part. Mangilva nâa pas la rĂ©putation de voler ni celle de contraindre. Les justiciables, qui font de plus en plus appel Ă lui, reçoivent un jugement sans avoir Ă verser dâĂ©pices ; ce faisant, Mangilva empiĂšte sur les prĂ©rogatives des chefs, ce qui leur devient intolĂ©rable. 96Le protĂ©gĂ© du commandant de Guider, MĂ©li Toumba, de Kongkong, claironne avoir testĂ© le pouvoir de Mangilva. Il aurait enrĂŽlĂ© deux cĂ©lĂšbres voleurs de bĂ©tail des Peuls, Voundoukou et Geâdon, pour sâemparer dâun troupeau de boucs castrĂ©s dĂ©diĂ© Ă Mangilva â que les intĂ©ressĂ©s auraient ramenĂ© sans peine Ă Kongkong. MĂ©li Toumba le fait livrer Ă Guider en disant au lieutenant Ce sont lĂ des bĂȘtes de Mangilva, un dieu vĂ©ritable nâaurait pas permis ce vol. » Si une telle anecdote semble nâavoir dâintĂ©rĂȘt quâau regard des interrogations des Gidar sur la part de divinitĂ© de Mangilva, certains tiennent pour assurĂ© que le sort de Mangilva aurait, dĂšs lors, Ă©tĂ© scellĂ©. La subdivision de Guider se dĂ©cide Ă agir sous la pression de lâadministration du Tchad, oĂč se dĂ©roulent les actions les plus nombreuses et les plus violentes. Elle rĂ©clame instamment que le premier fauteur de troubles, Mangilva de Lam, soit arrĂȘtĂ©. Guider envoie alors ses gardes, qui investissent le camp de Mangilva, renversent les clĂŽtures et mettent le feu. On cherche Ă arrĂȘter Toumba, mais sitĂŽt approchĂ© il disparaĂźt, devient de la terre ou entre dans une termitiĂšre ». Les goumiers, au nombre de quatre puis de seize, seraient venus Ă quatre reprises pour lâarrĂȘter, en vain. Toumba comprend alors que la population ne va pas se soulever pour lui. La nuit, il se dĂ©chaĂźne et, comme Ă lâaccoutumĂ©e, perchĂ© aux sommets des canopĂ©es des grands cailcĂ©drats de Lam, il crie Je vous ai enseignĂ©, je vous ai appris Ă sacrifier, Ă vous protĂ©ger ; je vous ai fait prospĂ©rer. Vous avez commencĂ© Ă tisser entre vous des propos Ă mon encontre et certains cherchent Ă me livrer. Le bien que je vous ai fait, vous me le rendez par le mal. » Bien quâil se sente lĂąchĂ© par les siens, Ă aucun moment il ne manifeste le dĂ©sir de sâenfuir. Il se cache dans la montagne ou dans les sous-quartiers de Douvah ou de Koussoukou. La traque durera un mois. Ses envoyĂ©s ou disciples », dans les versions actuelles, quant Ă eux, ont pris la brousse dĂšs la premiĂšre descente des gardes. 31 Ă Guider, le lieutenant Belmondo est en place jusquâau 16 aoĂ»t 1927. Etcheber lui succĂšde comme civ ... 32 Dans chaque quartier, on a placĂ© un mouchard nampur au service du chef de Lam, Bakari. Celui de D ... 97Lâadministration31, qui a enfin pris la mesure de la situation, a disposĂ© des gardes Ă Kongkong, Ă Djougui et Ă Houmbal, derriĂšre la montagne de Lam, pour prĂ©venir ce soulĂšvement qui couve. Des pelotons de dizaines de cavaliers peuls de Mindif sont mobilisĂ©s et placĂ©s sur la limite entre le lamidat et Lam. Câest sur dĂ©nonciation de Doubla Masay, un chef de quartier de Douvah qui le faisait suivre, quâun gradĂ©32 et quelques gardes vont mettre la main sur Mangilva. Il sâĂ©tait cachĂ© Ă Koussoukou, dans le creux dâun grand Ficus gnaphalocarpa. AprĂšs avoir menĂ© une vie sĂ©dentaire, reclus dans sa case â Ă lâexception de ses dĂ©placements nocturnes â, il est devenu trĂšs corpulent. Il porte toujours une abondante chevelure couverte par un chapeau de paille Ă large bord appelĂ© par les Peuls mbuululure et reste vĂȘtu dâune simple peau lombaire. Il porte lâĂ©tui pĂ©nien gidar bulala en fibres de racines de rĂŽnier, et sera arrĂȘtĂ© dans cet appareil. 98Les Gidar sâattroupent et grondent. On veut lui attacher la main gauche au cou, il dit que ce ne sera pas nĂ©cessaire, et on ne lâaurait finalement pas menottĂ©. Les informateurs ont toujours Ă©tĂ© unanimes quant Ă lâamĂ©nitĂ© du caractĂšre de Toumba. Câest un non-violent. Comme certains font mine dâintervenir, il leur dit, ainsi quâĂ ceux de sa famille Laissez, ne perdez pas votre vie pour moi. » Un garde lâinterroge Alors câest toi, le dieu de Lam ! » Il y a du pathos dans cette arrestation, du moins les informateurs sâemploient-ils Ă la faire revivre. 99Une note â trouvĂ©e encore dans la subdivision de Guider â en rend compte diffĂ©remment Le Mangilva Toumba est le 20 aoĂ»t Ă Douva [village gidar au nord-est de la montagne de Lam]. Il est arrĂȘtĂ© par un sergent en civil. Il appelle au secours. Les Kirdis lancent des flĂšches. Le sergent tire en lâair huit cartouches. Les Kirdis de Douva, non ceux de Lam, se rĂ©fugient sur la montagne de Lam Ă lâarrivĂ©e du chef de subdivision. On incendie le sarĂ© du sorcier. 100Toumba a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© au mois dâaoĂ»t, tla na mogonok la lune des charoÂgnards, mois nĂ©faste, pĂ©riode de la soudure oĂč ne sont cĂ©lĂ©brĂ©s ni fĂȘte, ni mariage. Il aurait passĂ© la nuit enchaĂźnĂ© dans le sarĂ© de lâancien chef Hamaoka Ă Didagla, au milieu du groupe de goumiers passablement inquiets. Les sectateurs de Mangilva sâĂ©taient rassemblĂ©s sur la montagne de Lam, empruntant le passage aton deka girma passer sur la pierre », puis le second passage dĂ©fendu par des blocs de rochers gĂ©ants, sur le chemin dĂ©nommĂ© koo sauvĂ© ». Toute la nuit dans ce refuge, ils ont dĂ©battu, sans savoir quel parti prendre. Ils se reprocheront par la suite de nâavoir rien entrepris. Puis, au petit matin, la colonne sâĂ©branle vers Guider par Djougui. Des gens la suivent dans la brousse et se manifestent par des sifflets de guerre jusque vers Mayo LouĂ©, mais aucune attaque nâa lieu. 101Câest alors la curĂ©e, chefs et notables vident les greniers de Mangilva, se partagent ses biens, mil et bĂ©tail. Confirmation pour les Gidar que ce sont bien eux, ces jaloux », qui ont travaillĂ© Ă la perte de Mangilva. Il sâagit notamment de MĂ©li Toumba, de Kongkong, qui se rĂȘve en leader des Gidar de lâest et cherche Ă amoindrir Lam. Il a poussĂ© MĂ©li Voundou, de Douvah, Ă trahir Mangilva. Enfin il sâest associĂ© au tandem Bakari-Laadi de Lam, de concert avec les interprĂštes peuls de la subdivision. Mangilva a Ă©tĂ© trahi par les siens, vĂ©ritable pain bĂ©ni pour tous ceux qui vont sâappliquer Ă construire son image de messie. 102Lestringant 1964 385 signale, de façon laconique, la fin de Mangilva, arrĂȘtĂ© le 20 aoĂ»t 1927 AprĂšs son arrestation Ă Douva, au milieu dâune foule surexcitĂ©e, la fiĂšvre retombe sans quâun vĂ©ritable mouvement insurrectionnel ait vu le jour. » Le 5 octobre 1927, Vanelsch reçoit Ă GolombĂ© une lettre du Lamido de Rey, complimentant lâadministration pour la capture du Mangilva de Lam. 103CondamnĂ© Ă dix ans dâinternement Ă Ăbolowa, au sud du Cameroun, Toumba meurt Ă la prison de Garoua, le 25 juin 1928. Rien nâa vraiment Ă©tĂ© dit des motifs pour lesquels la condamnation de Toumba Mo-domdoko a Ă©tĂ© prononcĂ©e. On ne relĂšve aucune accusation administrative Ă©crite. Mangilva se serait laissĂ© mourir de faim Ă la prison de Garoua Beauvilain 1989 334. La nouvelle de sa mort est accompagnĂ©e dâun certain nombre de signes mĂ©tĂ©orologiques » â comme pour punir » ceux qui lâavaient abandonnĂ©. Des dĂ©prĂ©dateurs ravagent les rĂ©serves de grains, les semences dans les champs... sans oublier dâultimes hĂ©catombes de bĂ©tail en sacrifices. Par la suite, certains Gidar mettront sur le compte de lâarrestation de Mangilva la pĂ©riode dâinvasions acridiennes rĂ©currentes de 1930 Ă 1938 qui ravagĂšrent le pays. Le temps des rumeurs sans fin 33 ANY APA 12347 /ANY/APA 11738 D. 34 ANY APA 12035, signalĂ© aussi par Beauvilain 1989 333-334. 104Lâadministration ne communiqua que trĂšs peu sur lâarrestation de Mangilva alors que ses disciples » sâemployaient Ă cacher cette issue Mangilva vivrait ! Seul un serviteur aurait Ă©tĂ© apprĂ©hendĂ©, un autre Toumba »... il y en a tant. Les rumeurs quant Ă cette fausse arrestation du dieu de Lam sont particuliĂšrement entretenues au Tchad, oĂč lâon soupçonne les populations dâĂȘtre prĂȘtes Ă fomenter de nouveaux soulĂšvements. Le chef de circonscription Beaudet, sans doute traumatisĂ© par la premiĂšre sĂ©dition quâil a vĂ©cue, craint quâune deuxiĂšme vague ne se produise. Aussi Maurice de Coppet, gouverneur du Tchad, dans une missive du 19 juin 1928, rĂ©clame-t-il avec insistance davantage de prĂ©cisions sur lâarrestation de Mangilva Quelles sanctions appliquĂ©es contre le dieu de Lam aprĂšs son arrestation ? » afin de pouvoir dĂ©samorcer cette agitation qui nâen finit pas autour de LĂ©rĂ©. Il renverra une lettre, le 13 novembre 1928, au chef de circonscription de Maroua33. Le gouvernement du Tchad ne sâalarme pas inconsidĂ©rĂ©ment, et lâon retrouve dans des lettres et leurs rĂ©ponses que si la pĂ©riode aiguĂ« de lâagitation créée par le dieu de Lam est rĂ©ellement terminĂ©e, il nâen reste pas moins que les informations que nous donne le chef de circonscription de Garoua signalent quâil y a encore des agents de ce mouvement dans la rĂ©gion de Guider qui ont des intelligences dans la subdivision de LĂ©rĂ© ». On peut y lire encore que si les chefs de Douey SaĂŻla et de Lagon peuvent encore [...] garder leur libertĂ© dans un pays oĂč nous les traquons, une partie de la population indigĂšne ne manquerait pas de nous aider Ă les capturer et les capturerait elle-mĂȘme si elle le pouvait. Il faut bien admettre quâils ont encore des partisans en nombre apprĂ©ciable ». Et de pointer encore la chefferie de LĂ©rĂ©. Cette inquiĂ©tude reste partagĂ©e au Cameroun, si lâon en croit la lettre au commandant de la rĂ©gion Nord, Guibet, reprenant un rapport du chef de circonscription de Maroua, Lenoir, en tournĂ©e Ă NâDoukoula â Ă la frontiĂšre nord du pays Gidar â, le 23 novembre 1927 34. Aux dires des gens de NâDoukoula [des Peuls], les Kirdis des rĂ©gions de Moutouroua, Midjivin, Boboyo, Loulou et Kola... sont en effervescence depuis les incidents de Lam. Ils continuent dâailleurs Ă envoyer des animaux en hommage Ă Mangilva que le chef Amaouaka de Lam reprĂ©senterait, en affirmant que seul un serviteur a Ă©tĂ© pris par les Blancs et non le Mangilva lui-mĂȘme... Une prophĂ©tie partie de Lam annoncerait, dans deux mois, une sorte dâĂ©clipse de soleil provoquant la mort des FoulbĂ© dont les animaux reviendraient aux Kirdis, en remplacement de ceux envoyĂ©s Ă Lam ou Ă©gorgĂ©s suivant les recommandations de Mangilva. DĂ©fense serait donc faite aux Kirdis de continuer Ă demeurer auprĂšs des FoulbĂ©... 105On enregistre un mouvement de repli de certains quartiers en plaine vers les zones refuges. De leur cĂŽtĂ©, les Peuls, trop isolĂ©s, comme ceux de NâDoukoula, sâempressent dâenvoyer leurs troupeaux loin en transhumance et pour la premiĂšre fois vers le nord, les yayrĂ©s, pĂąturages inondĂ©s de la plaine du Logone, pour les protĂ©ger. 35 Mouchet a Ă©tĂ© un administrateur colonial atypique. Les interprĂštes officiels le dĂ©signaient comme u ... 106Mouchet35 devient chef de la subdivision de Guider en 1928, lâannĂ©e aprĂšs les Ă©vĂ©nements du dieu de Lam. Dans un rapport de tournĂ©e du 10 aoĂ»t au 7 septembre 1928, il Ă©crit 36 Le malaise que connaissent les sociĂ©tĂ©s kirdis devait disparaĂźtre devant les outils promĂ©thĂ©ens de ... La question la plus importante de la rĂ©percussion des anciens Ă©vĂ©nements de Lam prĂ©occupe Ă tout instant le chef de subdivision [Mouchet]. Il a reçu des ordres trĂšs stricts Ă ce sujet de Monsieur le chef de circonscription ; il a des informateurs qui le renseignent et tente de temps Ă autre un raid surprise contre les sarĂ©s oĂč se cacheraient les soi-disant continuateurs du Mangilva. Jusquâici, les trois indigĂšnes dĂ©signĂ©s ont rĂ©ussi Ă sâĂ©chapper, mais ils se sentent traquĂ©s et nâont plus de domicile fixe. Dâordre de M. le chef de circonscription, des sanctions Ă©nergiques sont prises contre ceux qui avaient tentĂ© de leur donner asile. Si ces trois agitateurs ne tombent pas entre nos mains de vive force, ils seront livrĂ©s ou tuĂ©s par leur propre village, ou rĂ©duits Ă demeurer pour toujours dans une autre rĂ©gion. Nous ne disons pas que lâunanimitĂ© de la population est avec nous dans ce pourchassement mais les chefs se dĂ©clarent fatiguĂ©s de la prĂ©sence de ces trois indĂ©sirables qui leur valent tant de visites imprĂ©vues [...]. Il faut noter en notre faveur la rapiditĂ© avec laquelle les villages ont fourni des travailleurs, non seulement aux fours de Bidzar, mais encore au dĂ©broussement de la piste automobile, Ă lâoccasion de la venue de la premiĂšre voiture dans la rĂ©gion de KongKong36 [...] de frĂ©quentes tournĂ©es dans le pays avec lâaide de lâautomobile promise Ă la subdivision, feront le reste pour la paix du groupement. 107Lâadministration poursuit sur sa lancĂ©e, dĂ©jĂ Ă©voquĂ©e construction de routes et de postes. Le mandat du chef de subdivision est clair â produire de la chaux envoyĂ©e par caravanes dâĂąniers dans des sacs de cuir de 40 kg dans toutes les circonscriptions du nord oĂč les postes se dĂ©veloppent. LâaprĂšs-Mangilva Des rĂ©surgences sous contrĂŽle 108AprĂšs lâarrestation de Mangilva, la polĂ©mique qui Ă©clate au grand jour, Ă Lam et dans tout le pays gidar, nâa pas cessĂ© jusquâĂ aujourdâhui. Les contempteurs de Mangilva se manifestent enfin ouvertement Sâil avait une part de divinitĂ©, comment sâest-il laissĂ© faire ? » Le camp des sceptiques grossit dâun seul coup ; ceux qui ont sacrifiĂ© leur bĂ©tail font lâobjet de moqueries et une expression fait son apparition Menteur comme Mangilva ». Les concurrents de Lam, les Gidar de Kongkong, jaloux de la prospĂ©ritĂ© de son pĂšlerinage, multiplient les lazzis, danses et chants repris aujourdâhui Je nâai plus de boucs, je nâai plus de chĂšvres, ni de poulets, tout a Ă©tĂ© raflĂ© par ce Toumba Modomdoko. » Quant aux enfants, ils jouent au dieu de Lam en se distribuant des rĂŽles et en mimant les sacrifices contre la variole ou contre les charançons, contre le danger qui vient du nord » les Peuls. 109Certains accusent les notables, les chefs de guerre en particulier, de trahison On sâest prĂ©parĂ©s, en attendant un ordre qui nâest jamais venu. » Dâautres dĂ©plorent un manque de prĂ©paration On Ă©tait prĂ©parĂ©s mais contre qui ? contre les Peuls, pas contre les fusils du commandant. » Pour dâautres encore, les sacrifices ne sont jamais perdus Accomplit-on en vain un sacrifice ? » Les femmes, de leur cĂŽtĂ©, affirment On ne peut pas revenir en arriĂšre, on ne nous frappe plus et nous mangeons librement avec nos enfants. » 110Le mandat donnĂ© au nouveau chef de Lam, Bakari, est de surveiller les sectateurs du Mangilva et dâempĂȘcher le retour de son culte. Les disciples » se sont dispersĂ©s, mais le culte de Mangilva perdure, cachĂ© Ă Lam, encore ostensible chez les Daba, les Giziga Midjiving ainsi quâĂ LĂ©rĂ©. On dĂ©compte quelques successeurs putatifs de Mangilva. Gazam, crĂ©dible dans le cercle de Lam en tant que disciple reconnu, sây essaie, tout comme Sokron et Vatawlan. Mais leur manque de charisme est aggravĂ© par le fait que les temps ont changĂ© les imprĂ©cations apocalyptiques ne font plus recette. Zaday Zourmba bii Tambayo, du quartier Digar, entame lui aussi une carriĂšre de successeur de Mangilva, en sâappuyant sur la personnalitĂ© de son pĂšre, grand devin reconnu, dĂ©jĂ mentionnĂ©. Toutefois, pour devenir prophĂšte, il convient dâĂȘtre habitĂ© â condamnĂ© Ă lâĂȘtre aprĂšs un choc, un exil, un moment dâaliĂ©nation. Zaday, aprĂšs avoir assassinĂ© celui qui avait enlevĂ© sa femme, sâexila. Mais si, Ă son retour, devenu helgi, devin avec les cailloux, il se dit rempli de lâesprit de Mangilva », il se montra par trop intĂ©ressĂ© alors que Mangilva ne lâĂ©tait pas, ce qui rapidement le discrĂ©dita. Craignant quelques tracasseries de la part de lâadministration, sa famille le poussa Ă quitter Lam. Il partit vivre de son art chez les Giziga de Jappay. 37 ANY APA 11 768/D. 111ĂchaudĂ©e, lâadministration coloniale ajoute un suivi du messie de Lam » au dossier des Affaires kirdis » Garoua. Pendant deux Ă trois ans, est consignĂ©e lĂ toute la dĂ©lation ordinaire villageoise. La suspicion tourne principalement autour de six personnes accusĂ©es de vouloir raviver lâeffervescence Ă©teinte aprĂšs lâarrestation de Mangilva Toumba ». Certaines nuits, elles » tiendraient des rĂ©unions secrĂštes loin des habitations, puis, montĂ©es sur un toit de leur enclos, crieraient, chacune dans son quartier, des ordres et incantations Ă©manant de Mangilva â Mangilva revient, les pluies seront au rendez-vous, ce que vous avez sacrifiĂ© lâan passĂ© sera remplacĂ©, prĂ©parez les cordes pour attacher votre nouveau cheptel » â ou des appels Ă rĂ©bellion de la terre sortiront des soldats de Mangilva armĂ©s de fusils qui chasseront les Blancs ». Les soupçons convergent sur Daouai Djelane Dawaye Nzalam ex-intendant de Mangilva », celui qui traduisait les paroles de Mangilva derriĂšre son Ă©cran de sekko. On le signale Ă Moutouroua, Ă Moumour et Ă LĂ©rĂ©, oĂč il rencontrerait dâautres sorciers ». Il est accompagnĂ© de Zourmba Kassane, de Boudva, de MĂ©li Madi et Adayanka, de Djougui. Partout, il dĂ©clare Je suis le suka [serviteur] du Mangilva. Vous Kirdis vous dites quâil nây a plus de Mangilva. Je sais, moi, oĂč se trouve Toumba. » Les archives de Garoua ont consignĂ© certains rapports des indicateurs peuls ou foulbĂ©isĂ©s qui, dĂ©guisĂ©s en colporteurs, passaient de sarĂ© en sarĂ© pour rĂ©colter des informations. On retrouve dans ces rapports la translitĂ©ration directe du foulfouldĂ© au français. Dans lâun dâeux, Adayanka, devin connu de Djougui, pressĂ© par la foule voulant savoir sâil voyait Mangilva dans son fĂ©tiche », aurait eu cette rĂ©ponse Je ne vois pas Mangilva mais je vois le âcommandantâ et jâen tremble. » Comme tout suspect, Adayanka recevra la visite dâune dizaine de gardes et dâun caporal venus arrĂȘter les agitateurs â sans rĂ©sultat, mais son sarĂ© sera nĂ©anmoins pillĂ©. De peur de ces visites, les villageois poussent les sectateurs de Mangilva Ă sâĂ©loigner â ainsi Dawaye Nzalam sâexile-t-il au Tchad. Il nâest cependant pas question de persĂ©cutions » envers les disciples, et mĂȘme ceux arrĂȘtĂ©s furent rapidement libĂ©rĂ©s. Le dernier Ă se rendre se remet le 20 novembre 1928 entre les mains de Mosche », Mouchet, le rĂ©sident de Guider37 qui lâautorisera Ă se rĂ©installer dans son village. La chasse aux sorciers » reste ouverte 1928-1930 38 Ainsi relĂšve-t-on, dans un certain nombre de rapports ou missives, comme celle du 8 novembre 1927, ... 112AprĂšs Mangilva, lâadministration regarde diffĂ©remment ces Kirdis sympathiques, remuants, mais potentiellement dangereux » Ă©voquĂ©s par maints rapports coloniaux. Elle engage, de 1927 jusquâen 1930, un contrĂŽle des sorciers ». En vertu dâun admirable syllogisme, aprĂšs le grand agitateur que fut le dieu de Lam, tous les sorciers, devins et apparentĂ©s furent tenus pour des agitateurs en puissance38. 113Mangilva aurait eu, un peu partout, des Ă©pigones, individus inspirĂ©s capables de rencontrer dieu prĂšs dâune montagne, Ă Balda, Ă Dogba, Ă KossĂ©wa ; ce qui dĂ©clenche alors en eux une folie passagĂšre suivie de sacrifices Ă exĂ©cuter et Ă partager. Mangilva a fait recette. Pour autant, lâadministration nâen dĂ©laisse toujours pas ses fondamentaux, comme le rĂ©vĂšle le rapport du chef de circonscription de Garoua en 1928 ConformĂ©ment Ă mes instructions, le chef de subdivision de Guidder traque sans relĂąche les ex-fidĂšles du âMangilvaâ et les malfaiteurs de la rĂ©gion de Lam. » On mĂ©lange toujours sectateurs du messie », coupeurs de route et pillards de troupeaux peuls. Lâadministration nâa retenu, au Cameroun, aucune leçon du soulĂšvement de Lam. Le chef de circonscription de Garoua signale, le 11 mars 1928 Les Moudangs dĂ©pendant du lamido de Bibemi obĂ©issaient mal Ă leur chef [peul] en ce moment. Monsieur lâadministrateur adjoint Etcheber chef de la subdivision de Garoua ira dans une huitaine de jours visiter ces indigĂšnes qui sont de la mĂȘme race que ceux qui attaquĂšrent lĂąchement Monsieur lâAdministrateur Beaudet. 39 Connu sous le nom de lâaffaire de Lam » par lâadministration coloniale et la derniĂšre guerre de ... 114Les Kirdis devront encore attendre avant dâĂȘtre Ă©mancipĂ©s de la tutelle lendemain de lâarrestation de Mangilva, tout Lam vit trĂšs mal sa lĂąchetĂ© et son incapacitĂ© Ă rĂ©aliser la rĂ©volte attendue. La tutelle peule nâayant fait que se renforcer, cette mauvaise conscience va se doubler dâune violente frustration, alimentant chez les Gidar une formidable rancoeur. Celle-ci explosera dix ans plus tard, dans un soulĂšvement plus Ă leur portĂ©e, contre le lamido peul de Mayo LouĂ© qui prĂ©tendait encore les gouverner39. 115Ă la fin des annĂ©es 1980 se dĂ©veloppe un double discours au sujet de Mangilva Ă cĂŽtĂ© de celui, classique, focalisĂ© sur la lutte contre la coloniÂsation et les Peuls, un autre voit le jour, sorte dâappropriation de la vie et du message de Mangilva par les Ă©lites chrĂ©tiennes gidar. Ă Lam, bastion catholique, ce dernier discours sur le cĂ©leste » nous est apparu largement dominant, lors de nos derniĂšres enquĂȘtes de 2007. 40 Et aussi du prĂ©fet Haman SaĂŻd, du chef de canton de Mayo-Oulo, BabalĂ© Oumarou, conseiller Ă©coutĂ© dâ ... 116Le vieux chef Hamati Tizi a dĂ», comme tous ceux du nord du Cameroun promus au rang de chefs de cantons, embrasser lâislam sous la pression de dĂ©putĂ©s musulmans, en 1973, lors dâune campagne dâislamisation orchestrĂ©e par le gouverneur du nord, Ousmane Mey40. Le prĂ©sident Ahidjo voulait un nord musulman uni autour de lui. Toutefois, en 2007, Hamati Tizi faisait peu de cas de son passage dans lâislam et la mosquĂ©e prĂšs de son sarĂ© Ă©tait depuis longtemps en ruines. Ă Lam, la mission catholique créée par les Oblats, avec le pĂšre Elie BĂšve, date de 1947. Parangon du missionnaire Ă lâancienne â longue barbe, soutane grise et croix pectorale â, le pĂšre BĂšve, que jâavais rencontrĂ© au dĂ©but des annĂ©es 1970, me confia, au cours dâĂ©changes Ă©pistolaires, quâĂ ses dĂ©buts, dans les annĂ©es 1950, il Ă©tait peu prĂ©occupĂ© par Mangilva quâil jugeait comme un illuminĂ© ». CâĂ©tait encore le temps oĂč les missions bataillaient contre les idoles ». Toutefois, en 2004, il pensait que les milieux religieux dâalors nâavaient pas portĂ© toute lâattention voulue au phĂ©nomĂšne Mangilva dans une sociĂ©tĂ© gidar trĂšs divisĂ©e sur le sujet. Une dĂ©marche sur lâinculturation, post-Vatican II, aurait donnĂ© une chance Ă une forme de rĂ©habilitation de Mangilva. La mission de Lam devait ĂȘtre reprise par des oblats polonais et des prĂȘtres camerounais. TrĂšs impĂ©cunieux et rĂ©tifs aux thĂšses prĂ©cĂ©dentes, ces derniers se disent plus prĂ©occupĂ©s de pastorales et de dĂ©veloppement Ă©conomique. LâĂ©poque de Mangilva leur semble par trop lointaine. 117Les Ă©lites gidar chrĂ©tiennes, Ă lâinverse, tiennent Mangilva pour lâinstigateur dâune rĂ©volution religieuse endogĂšne. Elles prĂ©fĂšrent le prĂ©senter en prophĂšte annonciateur dâun monde nouveau qui ne pouvait ĂȘtre que le christianisme sous la forme de la mission de Lam. La vie et les actions de Mangilva sont alors passĂ©s au crible de cette interprĂ©tation. On identifie une version via lâAncien Testament, une pierre dâattente », selon une formulation chrĂ©tienne ou par les Ă©vangiles Ă travers lâimage de St Jean-Baptiste. 118Dans la premiĂšre version, la rĂ©forme religieuse devient une premiĂšre Ă©tape dans la lutte contre les idoles ». Les sacrifices avec Ă©gorgement des animaux sont bien ceux de lâAncien Testament. On souligne que Toumba restait Ă lâĂ©cart des fĂȘtes paĂŻennes, celles des rĂ©coltes en particulier â tout en oubliant quâil a tentĂ© de les subvertir et les rallier dans son obĂ©dience. Le personnage peut Ă©galement coller Ă celui dâun messie. Le discours religieux quâil manie est non violent. Il parle mĂ©taphoriquement de soulĂšvement mais ne sâengage pas lui-mĂȘme. Il ne sâest jamais mariĂ©. Il sera trahi par les siens et ses ennemis, les Peuls. Quant Ă lâadministration coloniale, elle lâarrĂȘte et sâen lave les mains. Enfin, il disparaĂźt mais se montre Ă certains affidĂ©s. Ses envoyĂ©s deviennent dĂšs lors des disciples » voire des apĂŽtres » appelĂ©s meslim, comme ceux du Christ dans la traduction gidar des Ăvangiles. Pour ces mĂȘmes informateurs, Mangilva, tenant la main de Dieu, il intercĂ©dait pour le peuple gidar et tous ceux qui allaient vers lui Ă travers son pĂšlerinage ». Son caractĂšre non violent, sa façon de dĂ©fendre les faibles, les femmes et, plus largement, lâensemble de son combat pour davantage dâĂ©quitĂ© font de Toumba un moderne. 119Face Ă la montĂ©e de lâislam radical dans le nord du Cameroun au cours de la dĂ©cennie 2000, les Gidar Ă©prouvent le besoin de voir dans Mangilva un prophĂšte ou un saint, afin dâancrer leur foi dans leur histoire. Certains informateurs et informatrices comme Bernadette Doudake, baptisĂ©e en 1970 et qui, jeune, habitait lâenclos le plus proche de Mangilva, ĂągĂ©e en 2006 de 86 ans, dit partir Ă lâĂ©glise rĂ©guliĂšrement prier et penser beaucoup Ă Mangilva ». 120Au terme dâune Ă©volution relativement rapide, la sociĂ©tĂ© de Lam a troquĂ© le messianisme de Mangilva pour le message Ă©vangĂ©lique. Si cette Ă©tude avait Ă©tĂ© conduite il y a trente ans au Tchad et mĂȘme Ă Lam, la lecture aurait Ă©tĂ© tout autre. Elle aurait empruntĂ© celle du refus de la colonisation et lâannonce dâun monde nouveau sur le point dâadvenir, lâindĂ©pendance et cela puisĂ© dans les mĂȘmes dires de Mangilva qui voulait donner le pouvoir aux fils du pays ». Ce discours premier de la lutte anti-coloniale nâest pas Ă©cartĂ©, pour autant et quelques Ă©tudiants gidar nâen continuent pas moins dâaffirmer Mangilva nous a redonnĂ© notre honneur ». 121Dans le ressort mĂ©moriel concernant Mangilva se pose, pour les Gidar, jusque dans les annĂ©es 2000, toute lâambiguĂŻtĂ© de lui accorder sa part de surnaturel ou celle de faussaire ». Mais tous de reconnaĂźtre que sa parole » a su mobiliser les sociĂ©tĂ©s paĂŻennes allant des monts Mandara au Logone et quâil a hissĂ© Lam au-dessus de cet agrĂ©gat de peuples dominĂ©s, bravant tout Ă la fois les conquĂ©rants peuls et les coloniaux. Ainsi la fabrique du mythe Mangilva se poursuit-elle, toujours inachevĂ©e et derechef incertaine.
QuandFreecolors rencontre Miss de la Lune pour faire un 4 mains avec 1001 mains pour une Zazou ça donne ça! non non non sur notre dos ce sont des crĂ©as de GĂ© qui feront office d'une autre note place au chĂąle Alice 1001 mains pour Ecnerolf je vous laisse apprĂ©cier et jouer Ă "oĂč est Charly" pour TOUTES celles qui ont travaillĂ© dessus. euh vivement la fin des fĂȘtes rĂ©gime
Profiter de ses vacances sur les Ăźles Kerkennah en Tunisie Posted on 26 fĂ©vrier 201314 juillet 2014 Posted in Iles de Kerkennah, Kerkennah, Vacances by Mehdi Kachouri 10k viewsQui dit vacances sur une Ăźle ne dit pas forcĂ©ment Ăźle du Pacifique, on peut aussi se prĂ©lasser sur une Ăźle de la MĂ©diterranĂ©e. Les Ăźles tunisiennes de Kerkennah en sont un endroit de prĂ©dilection pour les vacanciers en recherche de repos et authenticitĂ© dans une atmosphĂšre paradisiaque. Que visiter sur âŠVoyage dans mes souvenirs dâenfance Ă Kerkennah Posted on 16 janvier 201314 juillet 2014 Posted in Avis & conseils, Iles de Kerkennah, Kerkennah, Kerkenniens, Photo Kerkennah by Mehdi Kachouri 9k viewsJe remonte le temps et vous emmĂšne avec moi dans mon enfance avec ces deux photos que je gardais prĂ©cieusement Ă lâabri des regards indiscrets et surtout pour me souvenir de cette douce pĂ©riode oĂč je harponnais les plages Ă la recherche de poulpe ⊠Pourtant ma grande mĂšre me disait avec insistance âŠ
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comment faire un oeil de dieu en vannerie